Mona Longueville - Créatrice et Conseils en Steampunk
Vous avez peut-être comme projet de bonne résolution pour la nouvelle année qui vient de vider vos placards, afin de faire de la place, et de faciliter votre vie. Le rangement sera facilité au quotidien… Moins de vêtements différents égal moins de choix à faire donc plus de rapidité pour s’habiller le matin. Vous êtes remplis de bonnes intentions, certes. Mais par pitié, arrêtez-vous tout de suite.
Quand on est Vaporiste, on n’est jamais désemparé.e face à une armoire trop pleine. Ce qui apparaît à beaucoup comme une source de contraintes est en fait une mine de possibilités. Laissez-moi vous expliquer pourquoi. Quand j’ai commencé le Steampunk en 2011, il n’y avait chez moi que des vêtements dits « classiques ». Je me souviens encore de cette délicieuse sensation de devoir vite se composer un costume, car on n’a littéralement rien à se mettre… Ayant appris la couture durant mes études, j’ai pu créer quelques accessoires, à la va-vite. Mon costume était plus néo-victorien que véritablement steampunk, mais qu’importe. J’avais de quoi me fondre dans la masse à un événement de l’association aujourd’hui disparue Machina Vapora. Sur ce costume de 2011, j'avais dans mon placard la ceinture élastiquée, les collants, les chaussures, et la robe - cette dernière est un peu particulière car c'était un prototype du bureau de style où je faisais un stage pour mes études de stylisme... Le vêtement n'a pas été produit, mais j'ai récupéré le prototype. Les autres éléments ont été chinés (l'ombrelle, les lunettes) ou cousus. Et en fait, en fouillant bien dans son armoire "classique", on découvre un accessoire ou deux, un foulard, un tee-shirt qui pourrait faire l’affaire… C’est un peu comme se retrouver devant des étagères de fringues, en étant invitée à une soirée sur un thème coloré, par exemple le violet, et se dire « Mais enfin, je n’ai rien de violet, et pourtant j’adore cette couleur ? Pourquoi est-ce que je n’ai rien de violet ? » En Steampunk, c’est pareil : on va redécouvrir une chemise, un pantalon noir ou marron, une paire de bretelles et voilà. Il y aura juste une gavroche ou un autre couvre-chef à acheter (selon le personnage que vous voulez incarner), pourquoi pas en brocante ou en boutique gothique, et le tour est joué. Je parlerai un autre jour de la porosité entre les mouvements gothique et steampunk. Photo : Intérieur de la boutique Diabolik, à Montréal Le Steam-Placard évolue avec les années, en plus. Autant au début il s’agit de voir ce qui, dans nos fringues classiques, pourrait permettre d’avoir un début de costume… quand on a plusieurs années de pratique du Steampunk derrière soi, on a une garde-robe remplie… de tout un tas de choses. Le jeu va être de composer, et de mixer entre les différents éléments de costume. Cette crinoline, par exemple, peut être la base pour un costume de Steam-Pirate. On a tendance à dire qu’un costume n’est jamais vraiment fini, dans le Steampunk. Un costume évolue, il se complète, mais il se transforme aussi. Un corset ne nous va plus vraiment ? Ce n’est pas grave : allié avec une autre crinoline, et avec une broche qui vient d’un autre costume, ça donnera une ambiance tout à fait différente. On compose, on agence différement, on réinvente. L’avantage de la mode Steampunk c’est qu’elle est très intemporelle. Ce n’est donc pas gênant de ressortir un chapeau ou un nerf de derrière les fagots : il reste « à la mode ». Cela incite à garder beaucoup de choses chez soi, au cas où. Cela rapproche en quelque sorte le Steampunk du style Maximaliste – en opposition au Minimalisme, qui vous incite à n’avoir que quelques objets chez soi (parfois pas plus d’une centaine). On pense diversité, accumulation, collection. Les principes de Marie Kondo, reine du Minimalisme, et le fameux « Less is More » sont oubliés. La frontière se fait au niveau des couleurs, des matières. Le Maximalisme adore les accords de couleurs criardes et le plastique, là où le Steampunk sera sur des matières nobles, dans des teintes principales de marrons, des dorés, des cuivrés… (d’autres couleurs sont utilisées par nos explorateurs et exploratrices les plus braves). Le Maximalisme n’hésitera pas à flirter avec la faute de goût, tandis que le Steampunk essaiera de rester dans une ambiance 1900 un peu classe (ce qui n’empêche pas des archétypes de voyous, de gourgandines, de savants fous, de chimistes dangereuses, ou encore d’aventurier.e.s…). L'époque Victorienne était proto-maximaliste, en quelque sorte. Entre les cabinets de curiosités, surchargés de bibelots divers, les murs recouverts de papiers peints de style William Morris ET de tableaux, et les meubles ouvragés (chez les personnes d'une certaine classe sociale, certes)... les intérieurs étaient surchargés. Construit entre 1893 et 1895, sur une partie des ruines du palais ducal des Bourbons, la maison Mantin à Moulins est conçue pour préserver et conserver la collection du maître des lieux, érudit, curieux et amateur d’art. Le Steam Placard a un dernier secret à vous dévoiler : les Vaporistes, comme les voyageurs et voyageuses du temps, ont l'habitude d'être entre plusieurs univers. Reconstitution historique ou jeux Grandeur Nature (GN) sont des passe-temps que nous sommes nombreux à pratiquer dans la communauté, ou du moins à avoir touché du doigt. Cela sous-entend d'autres équipements, d'autres habits. On peut très bien croiser dans la maison d'un.e Vaporiste un bouclier de l'Antiquité Romaine, à côté d'un cabinet de curiosités, lui-même à côté d'une tenue Rockabilly, ou d'une collection de consoles de jeux des années 80. On peut très bien piocher dans son placard des éléments de notre époque, mais rien ne nous empêche de mixer avec d'autres univers, d'autres époques. La seule limite, comme je vais le répéter souvent sur ce blog, c'est votre imagination. Faites en bon usage. Et ne triez pas trop vite votre armoire, vous pourriez avoir besoin de ce petit top rayé. Salutations vaporeuses, Et joyeuses fêtes, Mona Longueville
#steampunk #vocabulairesteampunk #steamplacard #costumesteampunk #blogsteampunk #steampunkstyle #fastfashion #bonnesrésolutions2023 #oupas Les ressources utilisées pour écrire cet article : C'est quoi le maximalisme ? Ken Fulk, maître du maximalisme Intérieurs bourgeois du XIXème siècle La pièce de dessin de la maison Standen, dans le Sussex. Je veux vivre là dedans. La Maison Mantin - Office de Tourisme de Moulins , capitale des Bourbons (moulins-tourisme.com) Merci Agnès pour la découverte de la maison Mantin, c'est juste parfait pour cet article
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Le Jet-Lag survient lorsqu’on voyage en avion, et qu’on passe rapidement plusieurs fuseaux horaires. L’horloge interne du voyageur ou de la voyageuse est déréglée, ce qui entraîne des phases de somnolence durant le jour, et des insomnies la nuit. La fatigue due au Jet-Lag peut entraîner une diminution des capacités intellectuelles et physiques, voir rendre irritable. Illustration véritable de retour de conventions et autre soirées Steampunk Le Steam-Lag est un néologisme né à partir du principe du Jetlag et du mot Steampunk, un doux mélange comme aiment beaucoup en créer les Vaporistes. Sans danger, à part un court instant pour le moral, c’est un véritable phénomène qui touche les adeptes du Steampunk, après des rassemblements joyeux et des conventions particulièrement réussies. Affiche du film "La machine à voyager dans le temps" produit en 1960 : si vous voulez du véritable voyage dans le temps, pour l'instant, le mieux reste encore la fiction et la mémoire... Comme pour un.e touriste qui subit les effets du Jet-Lag, le ou la Vaporiste concerné.e va traverser non pas le globe, mais plusieurs « époques » ou « univers » d’un coup. Je vous rassure en disant cela, la machine à voyager dans le temps n’a toujours pas été mise au point, et on ne change pas de plan astral en se rendant à un festival. Cependant, il faut bien avouer que pendant quelques jours, on se retrouve vraiment « ailleurs ». On est en présence d’autres Vaporistes, avec des décors adéquats, une ambiance, de la musique qui tourne autour du Steampunk. Des fois, on a le plaisir de croiser des personnes que l’on connaît uniquement via les réseaux sociaux, les forums ou les discords, et que l’on admire souvent. Les conventions permettent de se retrouver littéralement immergé.e dans une culture qui nous est propre. La passion peut alors se vivre pleinement, sans peur du jugement d’autrui : car ici, autrui nous ressemble. Lui aussi a une passion étrange pour le 19ème siècle, les rouages et les chapeaux haut-de-forme, les murder parties, le bricolage de nerfs, les brocantes, l’univers geek, la littérature, et j’en passe. L’univers de base que j’appellerai le « Quotidien » est donc laissé un peu de côté pendant ces quelques heures ou ces quelques jours. On oublie le boulot, les factures, ou les cours pour les plus jeunes. On voyage quelques heures, en train ou en voiture (des fois le simple fait d’être chargé pour un pique-nique transforme un trajet en métro en épopée). Bref, on sort de nous-mêmes. Ce mélange d’aventure, de nouveauté et d’entre-soi va créer une émulation et une atmosphère joyeuse de fête. Des amitiés, des amours vont naître. Des délires communs vont être créés. On va vivre ensemble des émotions fortes et intenses. Et la retombée peut être parfois un peu rude. Dans le cas d'un voyage, on peut sentir les effets du Jet-Lag en arrivant à destination, et en revenant. Les effets du Steam-Lag, eux, ne se verront que quand on revient dans le « Quotidien ». Comme je le disais en début d’article, rien de grave à l’horizon. On peut ressentir une grande solitude, une nostalgie de l’événement qui vient d’avoir lieu, une flemme immense à l’idée de ranger son sac et son costume (comme si le fait de ranger les affaires sonnait véritablement le glas de l’événement). On a un peu l’esprit embrumé à ce moment-là : le choix du mot « Steam », ou Vapeur en anglais, peut rappeler un peu le Smog Londonien typique des années 1900. Cela vous donne un aperçu de l’état d’esprit de la personne touchée. "Il est minuit à Tokyo, il est cinq heures au Mali, quelle heure est-il au Paradis...?" Manu Chao Si vous avez la chanson en tête, je n'aurai pas perdu ma journée en écrivant cet article ! Se réclamer du Steam-Lag sur les réseaux, par exemple à travers un statut facebook, permet aux autres Vaporistes de s’en réclamer aussi, de vous envoyer des photos, des preuves d’affection ou de sympathie virtuelles, voir d’évoquer des souvenirs. Oui, ces anecdotes n’ont que quelques heures, mais elles sont déjà évoquées comme s’il s’agissait du bon vieux temps. Dans le cas du Steam-Lag, il est intéressant de noter plusieurs choses : - la facilité qu’ont les Vaporistes à créer des néologismes, et en particulier des mots-valises, afin de s’approprier des concepts, et parfois en rigoler. Comparer un trajet en avion Paris-Bombay avec plusieurs escales avec une convention, même la plus petite, peut prêter à sourire. - le nombre de personnes se réclamant d’un Steam-Lag peut indiquer la qualité d’un événement qui vient juste d’avoir lieu. Quand j’organisais des événements avec la Société des Libellules, c’était une donnée à laquelle faire attention, concernant notre communication sur les réseaux sociaux. Il faut savoir être à l’écoute et aux petits soins de son public pendant l’événement, mais aussi après. Comment lutter contre le Steamlag ?Il faut bien sûr faire le distingo entre le coup de blues du Steamlag, qui est un instant de déprime très passager, et une dépression. Si les symptômes sont récurrents, chroniques, ou durent vraiment trop longtemps, demander de l’aide est possible, voire vivement encouragé. Cette précaution prise, voici quelques conseils, issus de mes dix ans de pratique du Steampunk : Je compte sur vous pour bien suivre ces conseils ! - Prendre soin de vous : s’aérer la tête, manger correctement, retrouver un rythme de sommeil normal. Un festival, c’est un moment où les horaires n’existent plus trop… prendre soin de son corps, et retrouver une certaine routine vous permettra plus de stabilité, et donc une meilleure humeur. C’est très bateau comme conseil, mais comme pour un vrai Jetlag, ça fonctionne. - Défaites votre sac : oui je sais, c’est contre-intuitif, et en plus vous avez la flemme rien que d’y penser. Il n’est pas question ici de seulement lancer une machine, et de ranger votre paire de goggles au placard. Dans votre sac, il y a d’autres souvenirs qui vous attendent. Les petites gourmandises (des friandises, du thé, une bonne bouteille d’absinthe…) ou encore les livres achetés et dédicacés sur le festival vous attendent. Les notes prises durant cette conférence si intéressante ! Ce petit bijou offert par un.e ami.e ! Tiens ? Mais cette montre à gousset n’est pas la vôtre, qui l’a oublié dans votre besace … ? Tout ceci vous permettra de vous replonger avec délice dans vos souvenirs, en les rendant un peu plus tangible. Ce n’est pas vraiment fini, vu que vous pouvez toucher ces objets. Et commencer à lire un de vos nouveaux livres, avec un bon thé, une fois que la machine à laver commence à tourner... Le tableau de James Tissot Waiting for the train, ou En attendant le train, met en scène une jeune femme au départ d'une gare Londonienne. De quoi se rappeler qu'en 1871, date approximative à laquelle ce tableau a été peint, les voyages duraient beaucoup plus longtemps qu'aujourd'hui, et relevaient d'une véritable expédition. Aussi, je bave sur ces malles de voyage. - D’un point de vue moins matérialiste, vous pouvez aussi trier les photos de l’événement. Si comme moi vous aimez prendre des photos, c’est un moment qui permet de se remémorer des choses, des petits détails par-ci par-là : le beau costume d’untel, le fou rire avec telle autre, les bonnes choses mangées, le petit coucou en coup de vent de « ah je suis tellement content de te voir, mais on n’a pas vraiment le temps de parler, allez un petit selfie quand même, je file à une table ronde, toi tu vas à un concert, parfait on essaie de se recapter vers 18h ? »… Si vous n’avez pas pris de photos, pas de panique. La plupart de vos congénères sont équipés de smartphones et nous sommes dans une culture de l’image. Vous allez bientôt être tagués sur des photos, même pas besoin de trier finalement... Si le fait d'être photographié.e vous embête, vous pouvez aussi par la case "carnet de voyage" ou "journal intime". Notez vos souvenirs, vos sensations... - Savoir apprécier son quotidien. Oui, même s'il n'est pas tout à fait à votre goût... De la même façon qu’il est difficile de passer au tableau derrière un élève qui a fait un exposé parfait, il est parfois dur de revenir chez soi. On passe d’un weekend avec un concert excellent, des sourires, à la solitude d’une chambre, ou à un boulot qui nous sert juste à payer les factures. On n’a pas tous la chance d’avoir une vie passionnante, une maison accueillante, ou un travail qui ne correspond pas à votre rythme chronobiologique (par exemple, courage à celles et ceux qui font les 3/8 ou qui enchaînent plusieurs journées de travail avec des shifts de nuit : je vous respecte si fort). Cependant, quelque soit votre situation, je vous conseille de l’aborder et de l’accueillir avec philosophie. Ce n’est peut-être pas idéal, mais c’est chez vous. Si c’est idéal, c’est tant mieux, cela dit. Dans tous les cas, c’est la vie que vous avez choisi de construire. Si l’événement Steampunk auquel vous venez d’assister vous donne d’autres envies, je vous conseille de noter ces idées dans un coin de votre tête, et d’attendre quelques jours avant d’y revenir. Atterrir en douceur, c’est votre priorité actuellement. Retrouvez votre cocon, vos habitudes, votre famille, vos collègues. Bon j'avoue, si mon petit logis était une maison conçue par Hector Guimard, comme la Villa Balnéaire La Surprise de Cabourg, je ne dirais pas non. - Se concentrer sur les nouvelles dates d’événements. Eh oui, je vous propose aussi de combattre le mal par le mal : regarder les prochains évents prévus, se demander quand est ce qu'on va revoir les copains, ou ce fameux groupe que vous aimez tant... Et ainsi, cumuler plusieurs Steam-Lags dans l'année ! Ce n'est pas qu'on s'habitue, loin de là, mais au moins votre tête sera remplie de beaux souvenirs plein de vapeurs, plutôt que de cette brume de regrets... Si les occasions manquent autour de chez vous, je vous conseille de vous rapprocher de l'association la plus proche, ou bien d'en créer une. Un article est en préparation sur l'avantage du statut associatif... Affaire à suivre ! J'espère que ces quelques conseils vous permettront de mieux affronter votre prochain Steam-Lag. L'espace commentaires vous tend les bras, si vous voulez partager vos expériences de retour de conventions, et comment vous avez lutté contre ces petits coups de blues... J'espère un jour qu'on se verra en festival, après une conférence que j'aurai donné sur le steampunk (un jour peut-être...?) et qu'on parlera de Steam-Lag, et autres mots-valises chers à notre belle communauté ! Salutations Vaporeuses, Mona Longueville #steampunk #steamlag #luttercontrelesteamlag #blogsteampunk #JetlagAuGoulag #evenementsteampunk #vocabulairesteampunk #blog Les ressources utilisées pour cet article :
themigrationist.wordpress.com/2013/05/22/still-waiting/ pour en savoir plus sur le tableau de James Tissot, si vous êtes anglophone... Et sinon, j'ai principalement utilisé mes propres souvenirs, mon vécu et mon expérience... J'espère que ce billet un peu plus personnel, et moins "sourcé" vous plaira tout autant que les autres. Si vous avez une opinion différente, je serai ravie d'échanger avec vous à ce propos. "L'amour pour toutes les créatures vivantes est le plus noble attribut de l'homme" est une citation de Charles Darwin. Ce naturaliste et paléontologue britannique a révolutionné la biologie, avec son oeuvre principale, L’origine des espèces par voie de sélection naturelle (1859-62). Chassé croisé entre sciences naturelles et sciences sociales, sa théorie de la sélection naturelle alimentera des discussions sur l'anthropologie et la sociologie, et fera couler beaucoup d'encre. Eh oui, si l'homme est un singe, qu'en est-il de notre rapport avec le divin ? La société Victorienne est sous le choc de devoir remplacer des explications théistes par des explications naturalistes... Un autre des ouvrages de Darwin, dont on parle moins en général, est L’expression des émotions chez l’homme et les animaux (1874). C'est en quelque sorte le point de départ de l'éthologie : ce qui signifie éthymologiquement "études des moeurs", c'est la science des comportements des espèces animales dans leur milieu naturel. Ajoutons à cela les différentes expositions universelles, les zoos itinérants, les dons diplomatiques d'animaux (comme la girafe Zarafa) ainsi que les muséums d'histoire naturelle alimentées par des expéditions scientifiques qui florissent un peu partout : au 19ème siècle, on redécouvre le monde animal, on l'étudie, on le peint, on classifie, on créé des nomenclatures... L'imaginaire commun se trouve enrichi par les créatures des livres Alice au pays des merveilles par Lewis Carroll, et plus tard par les aventures des lapins à veste de costumes dans Peter the rabbit de l'autrice Beatrix Potter. Devant ce délicieux mélange d'intérêt scientifique, d'effervescence artistique et littéraire et face à des bestioles à poils, à écailles ou à boulons, c'est tout naturellement que le Steampunk a développé un attrait pour les animaux (adorables ou effrayants), dont je vous présente ici un florilège choisi. Dans les profondeurs... On dit souvent que le Kraken est au Steampunk ce que le Dragon est à la fantasy... L'œuvre 20 000 lieues sous les mers de Jules Verne, adapté par Disney en film en 1954, a contribué à populariser cet animal sous-marin de légende... Parmi les œuvres proto-steampunk* très connues du grand public, le roman d'aventures 20 000 lieues sous les mers de Jules Verne nous donne à voir des animaux sous-marins hors du commun pour l'époque, avec des descriptions dignes de précis d'océanographie. Au départ, les personnages prennent le Nautilus pour un monstre marin, une baleine tueuse, alors que c'est une machine élaborée, faite de tôle armée. On a donc à la fois le monstre mécanique ET l'engouement scientifique dans ce livre... L'adaptation en film faite par les studios Disney en 1954 donne à voir un terrible duel contre un kraken féroce, qui a hanté plus d'une enfance ! Le poulpe a le vent en poupe chez les Vaporistes : il décore les bijoux, se fait peluche de compagnie juchée sur une épaule tel un perroquet de pirate, ou encore enfermée dans une cage, telle une bête dangereuse à contenir... Par exemple, Solenne, la créatrice de bijoux steampunk de la manufacture de Lady S. a réussi à domestiquer son poulpe Germain, et nous raconte par le menu leurs aventures communes sur le blog de son site. Amateurs et amatrices de tentacules, je vous encourage à le lire ! Personnellement, j'aime beaucoup me promener en événement steampunk avec mon coussin tentacule, une sorte de gros polochon à ventouses, tricoté main. Je prétends qu'il est pêché du matin même, ça fait rire les gens. Et ça permet de s'installer confortablement pour une sieste. J'en avais déjà parlé dans mon article sur Mes meilleurs souvenirs des pique-niques steampunk dont je vous conseille la lecture pour vous rappeler des doux rayons du soleil d'été... Making-of du poisson des catacombes du Club Asimov du Cégep de Chicoutimi (Canada) Par contre, quand les fans de robotique du Club Asimov de Chicoutimi vont à la pêche, ils ramènent d'étranges baudroies issues des profondeurs. Cette merveille d'ingénierie que l'on peut voir en vidéo ci-dessus a mis 9 mois à être mise au point. J'adore le fait que l'on ait une "coupe", qui permette d'un côté d'admirer la bête, et de l'autre son intérieur. Le détail du cœur qui bat en s'illuminant est tout bonnement génial. Et dire que tout cela a été conçu avec des pièces recyclées ! Un excellent exemple de Do It Yourself et de savoir-faire de haut niveau. Dans l'esprit, cela m'a rappelé les créations de l'excellente association Breizh Steampunk Society. Cela ne m'étonnerait pas que durant leurs expériences ils récupèrent des poissons pareils ! Autre monstre impressionnant, le Leviathan du long-métrage d'animation Atlantide : l'empire perdu sorti par Disney en 2001 Un homard géant mécanique qui protège une contrée perdue ? Je dis toujours oui. Les abysses qui abritent ces monstres de légende ont encore une aura particulière aujourd'hui, car nous connaissons finalement peu les profondeurs. On gagne petit à petit, année après année en précision sur les cartes, notamment gravimétriques, mais il reste encore tellement de choses à découvrir. Dans un monde où on a parfois l'impression que tout a été déjà fait, on peut se dire qu'il y a encore des aventures possibles au fond des océans, à l'aide de cloches à plongeurs, de scaphandriers et de submersibles... Le tout, c'est de ne pas réveiller un Grand Ancien** au passage, s'il vous plaît ! Roulons des mécaniques... Un hippocampe à la sauce Steampunk, illustré par Jean-Luc Guérin. Je vous invite à aller voir le reste de son travail, c'est très inspiré et inspirant ! J'ai la chance de faire du Steampunk depuis une dizaine d'années maintenant, et grâce à de nombreux déménagements et voyages, j'ai pu rencontrer une belle partie de la Communauté en France et en Belgique. J'aime faire appel à l'intelligence collective quand j'écris des articles, car même si je commence à avoir de sacrés connaissances grâce à mon expérience de terrain, des choses peuvent toujours m'échapper... Quand j'ai demandé à des Vaporistes ce à quoi ils pensaient quand on évoquait le thème "animaux et steampunk", on m'a cité (entre autres) les baleines et les hippocampes... Et juste quelques jours plus tard, je suis tombée l'illustration ci-dessus faite par Jean-Luc Guérin ! Les grands esprits se rencontrent, on dirait. Sur ce dessin, on peut voir plusieurs parties de l'hippocampe qui ont été remplacées par des éléments mécaniques. Les yeux sont des rouages, on ne sait plus si on est face à une armure ou à une machine plutôt qu'à un animal... Il en faut peu pour "steampunkiser" quelque chose, et lui donner un nouveau look. On peut jouer sur les articulations, pour faire apparaître des pistons, remplacer des écailles par du métal, un museau par un boulon... Couverture du premier tome de la série Le pensionnat de Mlle Géraldine par Gail Carriger En parlant de museau, je vous recommande chaudement la lecture de la série Le pensionnat de Mlle Géraldine par Gail Carriger. Dans le premier tome, Etiquette et espionnage, la jeune Sophronia apprend l'art de la danse, de se vêtir et de l'étiquette, mais aussi celui de donner la mort, et de fureter en respectant les règles de bienséance. Pour se faire, elle a notamment avec elle Bumbersnoot, qualifié de mechanimal en anglais. C'est un mélange de robot et de teckel, très attachant ! Illustration de 1906 du roman de Jules Verne La maison à Vapeur Un autre roman de Jules Verne, moins connu cette fois-ci, se passe en Inde, peu après la révolte des Cipayes de 1857. Le colonel à la retraite Edward Munro va être invité à effectuer un voyage d'agrément par son ami Banks, à bord d'un véhicule extraordinaire : La maison à vapeur, qui donne son titre au livre. Il s'agit en fait d'une locomotive en forme d'éléphant d'acier, qui tracte deux wagons, véritables habitations avec tout le confort moderne. On peut en voir une évocation à Nantes, grâce aux Machines de l'île. Le Grand éléphant est couvert d'une peau en bois de tulipier de Virginie, composé d'un squelette métallique et d'articulations mécaniques hydrauliques, irrigué par 2 000 litres d'huile et poussé par un moteur de 450 chevaux. Je l'ai toujours appelé Michel l'éléphant, mais ne trouvant pas de trace de ce petit nom sur les internets***, j'en déduis que c'est peut être un surnom affectueux que les Vaporistes lui avaient donné durant le Steam-Tour de 2012. Michel l'éléphant des Machines de l'île, durant le Steam Tour "Escale à Nantes" en 2012 De nombreux et nombreuses Vaporistes s'étaient promenés à dos d'éléphant, pendant que certain.e.s profitaient de l'inauguration du Carrousel des fonds marins. Allant jusqu'à 3km/h, cette machine est impressionnante à voir en action. Elle peut accueillir à son bord jusqu'à 45 personnes environ, pour un petit trajet au delà du merveilleux. Dans la catégorie "animal méchanique géant" mais un poil plus rapide, nous avons l'araignée du film Wild wild west, réalisé par Barry Sonnenfeld et sorti en 1999. Librement inspiré de la série télévisée Les mystères de l'ouest, le film met notamment en scène un méchant génial, du nom de Loveless, et sa tarentule gigantesque, qui peut tout écraser sur son passage, ou jouer de ses canons à nitroglycérine. Le but de cette machine ? Conquérir les Etats-Unis. Si les spectateurs n'ont pas tous été emballés par ce film à l'époque, cette araignée de 80 pieds de haut a au moins conquis leur mémoire : celles et ceux qui ont vu le film s'en souviennent tous et toutes. L'araignée mécanique du film Wild wild west - idéal pour aller chercher le pain L'influence de l'art nouveau Je parlais au début de l'article de l'effervescence artistique du 19ème siècle. L'art nouveau fait la part belle au naturalisme, et se construit entre autres comme une réaction à l'industrialisation mal pensée à l'outrance, et à sa froideur. Le "style nouille" comme on le surnomme alors, met en scène de nombreuses arabesques liées aux racines et autres circonvolutions des arbres et des plantes, mais ne renâcle pas à représenter de nombreux animaux, dont des insectes. Ce faisant, on fait entrer le beau dans les habitations, et on se bat contre le rationalisme et le puritanisme de l'ère industrielle. Les artistes vont créer des formes originales, inédites, inventer un vocabulaire nouveau tout en tenant compte de la possibilité de les reproduire industriellement. La modernité est intégrée dans le processus de création. Dans le Steampunk Français d'aujourd'hui, j'ai peu constaté de costumes véritablement art nouveau. On est plutôt, en général, sur de l'industriel pur et dur (un peu comme les monstres mécaniques ci-dessus), ou bien sur du néo-victorien. Cependant, on retrouve un véritable attrait dans la communauté pour les animaux qui inspiraient Hector Guimard, Emile Gallé ou encore Louis Majorelle. Robe Bord de rivière par Victor Prouvé, 1900, en soie - la libellule plaquée sur le corsage est d'une délicatesse incroyable Dans ces insectes, il me faut naturellement citer la libellule, qui nous a inspiré en 2014 pour fonder l'association Steampunk Parisienne La Société des Libellules. Le côté art nouveau nous a bien sûr parlé, mais aussi le côté gracieux de l'animal, et son symbolisme. Elle représente le changement, l'impermanence... et il y a bien longtemps, le premier empereur Japonais avait surnommé son pays Akitsu Shima, "l'île aux Libellules". Ce qui explique beaucoup de représentations de cette odonate dans l'art nippon, qui a lui même inspiré l'art nouveau, qui a lui même inspiré le steampunk... C'est le serpent qui se mord la queue, il faudrait faire un voyage dans le temps pour savoir qui de l'œuf ou de la poule a inspiré qui en premier... Affiche du pique-nique steampunk de la Société des Libellules - juillet 2022. Je me suis inspirée d'une structure d'une affiche de l'exposition universelle pour cet événement, et j'y ai glissé de nombreuses libellules... ainsi que le Nautilus et le monstre du Loch Ness Cet attrait pour les insectes se retrouve dans les détails des costumes, les broderies, les accessoires - badges ou bijoux - ou encore dans l'architecture même de l'art nouveau. Ci-après, une photo de la brasserie La cigale à Nantes. On pourrait facilement imaginer une rencontre Vaporiste ici, ou encore une scène du Paris des Merveilles dans ce genre de décor... Brasserie La cigale à Nantes - Je vous laisse chercher de plus amples photos sur les internets, mais pleeeeein de cigales se cachent dans ce troquet Bien avant toi, bien avant tes parents... Les dinosaures Muséum d'histoire naturelle de Paris, pendant une de mes visites en 2014 L'idée de préservation du vivant, et de meilleure connaissance de notre monde transparaît à travers ces squelettes Le monde perdu d'Arthur Conan est sorti en 1921. Ce n'est pas un roman à ranger dans la catégorie Proto-Steampunk, mais le côté aventures, découvertes de terres inconnues avec ce haut-plateau bourré de dangers, reflète l'intérêt de la population du début du XXème siècle pour l'exploration et surtout... les dinosaures ! Ce livre a eu une grande influence par la suite sur des œuvres comme Jurrasic Park ou King Kong. En parlant de ce dernier, la version de Peter Jackson sortie en 2005 est excellente, mais mon petit cœur continue de fondre devant les maquettes utilisées dans la version de 1933. qui ont inspirées elle-mêmes une bonne partie du cinéma d'animation. On sort du dessin animé "plat" en 2D grâce à ces "poupées" au squelette d'acier. Capture d'image du film King Kong de 1933 - des effets spéciaux incroyables et novateurs pour l'époque Ces films en ont entraîné d'autres, et ont participé à l'engouement pour les dinosaures, qui se sent encore à travers l'album de bande dessiné de Tardi "Adèle Blanc Sec et la bête", adapté en film par Luc Besson en 2010. Un ptérodactyle qui sème la panique dans la capitale, des personnages Courtelinesques, et une Louise Bourgoin qui campe une Adèle au caractère bien trempé : si vous avez gardé votre âme d'enfant, c'est à voir ! L'affiche du film, qui laisse à deviner la bête volante... Mais aussi, dans le fond, une illustration de la grotte de Lascaux, découverte en 1940, alors que le film se passe en 1912 : je suis persuadée que l'héroïne voyage dans le temps ! Non, ce n'est pas juste un anachronisme... Elle chantonne aussi dans le film la chanson Mon truc en plumes, qui est sortie en 1961. Si ce n'est pas une preuve, ça, je ne sais pas ce que c'est ! Bien en chair ou fossilisé, les dinosaures fascinent toujours petits et grands. Je les cite de nouveau dans cet article, mais le club de robotique Asimov de Chicoutimi sont mes nouveaux chouchous, avec leur Tyrarduinosaurus à haut-de-forme imprimé en 3D. Je vous laisse savourer cette vidéo : Le détail du haut-de-forme me laisse sans voix, j'adore. J'aurais pu citer d'autres animaux dans cet article, mais il faut savoir finir ! Je serai cependant ravie un jour de parler de tout cela en convention, pourquoi pas pendant une conférence, afin de faire profiter de mon expérience de Vaporistes depuis une dizaine d'années. Je sais, cela est bien peu comparée à des dinosaures... En attendant de se retrouver en sortie steampunk ou en festival, je vous remercie pour votre lecture, et je vous dis à bientôt pour un nouvel article. Salutations vaporeuses, Mona Longueville #steampunk #animauxsteampunk #steampunkanimal #blogsteampunk #steampunkfrancophone #dinosaure #dino #kraken #girafe #robotique #clubderobotique #artnouveau #Trex #blogging * Proto-steampunk : on peut qualifier ainsi les oeuvres qui sont steampunk avant l'heure, et qui vont être sources d'inspirations par la suite. Les romans d'aventure de Jules Verne en font partie, bien évidemment. ** Les Grands anciens sont des sortes de déités extraterrestres et terrifiantes issues des oeuvres de H. P. Lovecraft - la plus connue étant Cthulhu, mais j'en reparlerai un jour plus longuement... *** Si vous aussi vous appelez l'éléphant des Machines de l'île par le prénom Michel, je vous remercie de le préciser en commentaires. Je me sentirai moins seule. Les ressources qui m'ont inspirées pour écrire cet article : http://www.inlibroveritas.net/fullscreen/362#pf126 In libro veritas est un site qui répertorie des livres tombés dans le domaine public, ou qui permet de l'auto-édition. Ce site a vocation d'échange, de partage et d'accès à la culture, et est une perle en terme de littérature, n'en déplaise aux libraires... www.cairn.info/revue-transversalites-2010-2-page-119.htm pour aller plus loin sur la réception de la théorie de l'évolution des espèces de Darwin à sa sortie en 1859 https://www.decoatouslesetages.fr/2016/12/11/art-nouveau-a-tous-les-etages-2-lanimal-dans-la-decoration/ https://www.geo.fr/aventure/de-1872-a-aujourdhui-histoire-de-lexploration-des-abysses-197605 Protection des animaux au 19ème siècle : 1. la création de la SPA | Le blog de Gallica (bnf.fr) [Infographie] Pourquoi la pieuvre est-elle la mascotte du Steampunk ? (steampunkavenue.com) Les animaux dans les expositions universelles au xixe siècle : monstration, ordonnancement et requalification du vivant. Paris et Londres, 1851-1889 (openedition.org) https://la-boutique-steampunk.com/blogs/blog-steampunk/animaux-steampunk - Petite liste d'illustrations autour du thème des animaux Steampunk http://www.dinosauria.org/blog/2014/04/23/quand-les-dinosaures-dadele-blanc-sec-bousculent-les-alibis-de-tardi/ à propos de certaines incohérences dans l'album "Adèle Blanc Sec et la bête", ou comment en apprendre plus sur les dinosaures Et aussi, je rêve d'aller là bas un jour : |
Mona LonguevilleForte de mes 10 années d'expériences dans le milieu Steampunk Francophone, je vous propose ici mes conseils et mon retour d'expérience de terrain. Archives
Avril 2023
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