Mona Longueville - Créatrice et Conseils en Steampunk
Le Jet-Lag survient lorsqu’on voyage en avion, et qu’on passe rapidement plusieurs fuseaux horaires. L’horloge interne du voyageur ou de la voyageuse est déréglée, ce qui entraîne des phases de somnolence durant le jour, et des insomnies la nuit. La fatigue due au Jet-Lag peut entraîner une diminution des capacités intellectuelles et physiques, voir rendre irritable. Illustration véritable de retour de conventions et autre soirées Steampunk Le Steam-Lag est un néologisme né à partir du principe du Jetlag et du mot Steampunk, un doux mélange comme aiment beaucoup en créer les Vaporistes. Sans danger, à part un court instant pour le moral, c’est un véritable phénomène qui touche les adeptes du Steampunk, après des rassemblements joyeux et des conventions particulièrement réussies. Affiche du film "La machine à voyager dans le temps" produit en 1960 : si vous voulez du véritable voyage dans le temps, pour l'instant, le mieux reste encore la fiction et la mémoire... Comme pour un.e touriste qui subit les effets du Jet-Lag, le ou la Vaporiste concerné.e va traverser non pas le globe, mais plusieurs « époques » ou « univers » d’un coup. Je vous rassure en disant cela, la machine à voyager dans le temps n’a toujours pas été mise au point, et on ne change pas de plan astral en se rendant à un festival. Cependant, il faut bien avouer que pendant quelques jours, on se retrouve vraiment « ailleurs ». On est en présence d’autres Vaporistes, avec des décors adéquats, une ambiance, de la musique qui tourne autour du Steampunk. Des fois, on a le plaisir de croiser des personnes que l’on connaît uniquement via les réseaux sociaux, les forums ou les discords, et que l’on admire souvent. Les conventions permettent de se retrouver littéralement immergé.e dans une culture qui nous est propre. La passion peut alors se vivre pleinement, sans peur du jugement d’autrui : car ici, autrui nous ressemble. Lui aussi a une passion étrange pour le 19ème siècle, les rouages et les chapeaux haut-de-forme, les murder parties, le bricolage de nerfs, les brocantes, l’univers geek, la littérature, et j’en passe. L’univers de base que j’appellerai le « Quotidien » est donc laissé un peu de côté pendant ces quelques heures ou ces quelques jours. On oublie le boulot, les factures, ou les cours pour les plus jeunes. On voyage quelques heures, en train ou en voiture (des fois le simple fait d’être chargé pour un pique-nique transforme un trajet en métro en épopée). Bref, on sort de nous-mêmes. Ce mélange d’aventure, de nouveauté et d’entre-soi va créer une émulation et une atmosphère joyeuse de fête. Des amitiés, des amours vont naître. Des délires communs vont être créés. On va vivre ensemble des émotions fortes et intenses. Et la retombée peut être parfois un peu rude. Dans le cas d'un voyage, on peut sentir les effets du Jet-Lag en arrivant à destination, et en revenant. Les effets du Steam-Lag, eux, ne se verront que quand on revient dans le « Quotidien ». Comme je le disais en début d’article, rien de grave à l’horizon. On peut ressentir une grande solitude, une nostalgie de l’événement qui vient d’avoir lieu, une flemme immense à l’idée de ranger son sac et son costume (comme si le fait de ranger les affaires sonnait véritablement le glas de l’événement). On a un peu l’esprit embrumé à ce moment-là : le choix du mot « Steam », ou Vapeur en anglais, peut rappeler un peu le Smog Londonien typique des années 1900. Cela vous donne un aperçu de l’état d’esprit de la personne touchée. "Il est minuit à Tokyo, il est cinq heures au Mali, quelle heure est-il au Paradis...?" Manu Chao Si vous avez la chanson en tête, je n'aurai pas perdu ma journée en écrivant cet article ! Se réclamer du Steam-Lag sur les réseaux, par exemple à travers un statut facebook, permet aux autres Vaporistes de s’en réclamer aussi, de vous envoyer des photos, des preuves d’affection ou de sympathie virtuelles, voir d’évoquer des souvenirs. Oui, ces anecdotes n’ont que quelques heures, mais elles sont déjà évoquées comme s’il s’agissait du bon vieux temps. Dans le cas du Steam-Lag, il est intéressant de noter plusieurs choses : - la facilité qu’ont les Vaporistes à créer des néologismes, et en particulier des mots-valises, afin de s’approprier des concepts, et parfois en rigoler. Comparer un trajet en avion Paris-Bombay avec plusieurs escales avec une convention, même la plus petite, peut prêter à sourire. - le nombre de personnes se réclamant d’un Steam-Lag peut indiquer la qualité d’un événement qui vient juste d’avoir lieu. Quand j’organisais des événements avec la Société des Libellules, c’était une donnée à laquelle faire attention, concernant notre communication sur les réseaux sociaux. Il faut savoir être à l’écoute et aux petits soins de son public pendant l’événement, mais aussi après. Comment lutter contre le Steamlag ?Il faut bien sûr faire le distingo entre le coup de blues du Steamlag, qui est un instant de déprime très passager, et une dépression. Si les symptômes sont récurrents, chroniques, ou durent vraiment trop longtemps, demander de l’aide est possible, voire vivement encouragé. Cette précaution prise, voici quelques conseils, issus de mes dix ans de pratique du Steampunk : Je compte sur vous pour bien suivre ces conseils ! - Prendre soin de vous : s’aérer la tête, manger correctement, retrouver un rythme de sommeil normal. Un festival, c’est un moment où les horaires n’existent plus trop… prendre soin de son corps, et retrouver une certaine routine vous permettra plus de stabilité, et donc une meilleure humeur. C’est très bateau comme conseil, mais comme pour un vrai Jetlag, ça fonctionne. - Défaites votre sac : oui je sais, c’est contre-intuitif, et en plus vous avez la flemme rien que d’y penser. Il n’est pas question ici de seulement lancer une machine, et de ranger votre paire de goggles au placard. Dans votre sac, il y a d’autres souvenirs qui vous attendent. Les petites gourmandises (des friandises, du thé, une bonne bouteille d’absinthe…) ou encore les livres achetés et dédicacés sur le festival vous attendent. Les notes prises durant cette conférence si intéressante ! Ce petit bijou offert par un.e ami.e ! Tiens ? Mais cette montre à gousset n’est pas la vôtre, qui l’a oublié dans votre besace … ? Tout ceci vous permettra de vous replonger avec délice dans vos souvenirs, en les rendant un peu plus tangible. Ce n’est pas vraiment fini, vu que vous pouvez toucher ces objets. Et commencer à lire un de vos nouveaux livres, avec un bon thé, une fois que la machine à laver commence à tourner... Le tableau de James Tissot Waiting for the train, ou En attendant le train, met en scène une jeune femme au départ d'une gare Londonienne. De quoi se rappeler qu'en 1871, date approximative à laquelle ce tableau a été peint, les voyages duraient beaucoup plus longtemps qu'aujourd'hui, et relevaient d'une véritable expédition. Aussi, je bave sur ces malles de voyage. - D’un point de vue moins matérialiste, vous pouvez aussi trier les photos de l’événement. Si comme moi vous aimez prendre des photos, c’est un moment qui permet de se remémorer des choses, des petits détails par-ci par-là : le beau costume d’untel, le fou rire avec telle autre, les bonnes choses mangées, le petit coucou en coup de vent de « ah je suis tellement content de te voir, mais on n’a pas vraiment le temps de parler, allez un petit selfie quand même, je file à une table ronde, toi tu vas à un concert, parfait on essaie de se recapter vers 18h ? »… Si vous n’avez pas pris de photos, pas de panique. La plupart de vos congénères sont équipés de smartphones et nous sommes dans une culture de l’image. Vous allez bientôt être tagués sur des photos, même pas besoin de trier finalement... Si le fait d'être photographié.e vous embête, vous pouvez aussi par la case "carnet de voyage" ou "journal intime". Notez vos souvenirs, vos sensations... - Savoir apprécier son quotidien. Oui, même s'il n'est pas tout à fait à votre goût... De la même façon qu’il est difficile de passer au tableau derrière un élève qui a fait un exposé parfait, il est parfois dur de revenir chez soi. On passe d’un weekend avec un concert excellent, des sourires, à la solitude d’une chambre, ou à un boulot qui nous sert juste à payer les factures. On n’a pas tous la chance d’avoir une vie passionnante, une maison accueillante, ou un travail qui ne correspond pas à votre rythme chronobiologique (par exemple, courage à celles et ceux qui font les 3/8 ou qui enchaînent plusieurs journées de travail avec des shifts de nuit : je vous respecte si fort). Cependant, quelque soit votre situation, je vous conseille de l’aborder et de l’accueillir avec philosophie. Ce n’est peut-être pas idéal, mais c’est chez vous. Si c’est idéal, c’est tant mieux, cela dit. Dans tous les cas, c’est la vie que vous avez choisi de construire. Si l’événement Steampunk auquel vous venez d’assister vous donne d’autres envies, je vous conseille de noter ces idées dans un coin de votre tête, et d’attendre quelques jours avant d’y revenir. Atterrir en douceur, c’est votre priorité actuellement. Retrouvez votre cocon, vos habitudes, votre famille, vos collègues. Bon j'avoue, si mon petit logis était une maison conçue par Hector Guimard, comme la Villa Balnéaire La Surprise de Cabourg, je ne dirais pas non. - Se concentrer sur les nouvelles dates d’événements. Eh oui, je vous propose aussi de combattre le mal par le mal : regarder les prochains évents prévus, se demander quand est ce qu'on va revoir les copains, ou ce fameux groupe que vous aimez tant... Et ainsi, cumuler plusieurs Steam-Lags dans l'année ! Ce n'est pas qu'on s'habitue, loin de là, mais au moins votre tête sera remplie de beaux souvenirs plein de vapeurs, plutôt que de cette brume de regrets... Si les occasions manquent autour de chez vous, je vous conseille de vous rapprocher de l'association la plus proche, ou bien d'en créer une. Un article est en préparation sur l'avantage du statut associatif... Affaire à suivre ! J'espère que ces quelques conseils vous permettront de mieux affronter votre prochain Steam-Lag. L'espace commentaires vous tend les bras, si vous voulez partager vos expériences de retour de conventions, et comment vous avez lutté contre ces petits coups de blues... J'espère un jour qu'on se verra en festival, après une conférence que j'aurai donné sur le steampunk (un jour peut-être...?) et qu'on parlera de Steam-Lag, et autres mots-valises chers à notre belle communauté ! Salutations Vaporeuses, Mona Longueville #steampunk #steamlag #luttercontrelesteamlag #blogsteampunk #JetlagAuGoulag #evenementsteampunk #vocabulairesteampunk #blog Les ressources utilisées pour cet article :
themigrationist.wordpress.com/2013/05/22/still-waiting/ pour en savoir plus sur le tableau de James Tissot, si vous êtes anglophone... Et sinon, j'ai principalement utilisé mes propres souvenirs, mon vécu et mon expérience... J'espère que ce billet un peu plus personnel, et moins "sourcé" vous plaira tout autant que les autres. Si vous avez une opinion différente, je serai ravie d'échanger avec vous à ce propos.
4 Commentaires
12/2/2022 05:09:31 pm
Un phénomène que nombre d'entre nous ont déjà vécu (retour d'Anno 1900, d'Yggdrasil, etc.).
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12/6/2022 01:53:51 pm
Oooooh oui, le Steam-Lag ça parle à tout le monde...
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Korri
12/5/2022 05:30:03 am
"Manger correctement ..." , moui moui moui... si on a pas mangé un truc bien gras dans dans un fast-food sur le chemin du retour j'ai l'impression d'avoir loupé quelque chose xD
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12/6/2022 01:59:19 pm
ahahaha c'est aussi une façon de prendre soin de soi et de se faire du bien, non ? ;) ya des traditions comme ça, faut les entretenir.
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Mona LonguevilleForte de mes 10 années d'expériences dans le milieu Steampunk Francophone, je vous propose ici mes conseils et mon retour d'expérience de terrain. Archives
Avril 2023
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