Mona Longueville - Créatrice et Conseils en Steampunk
A la fin de l'année dernière, j'ai évoqué sur les réseaux sociaux mon envie d'écrire une série d'article sur les robots. Pourquoi ? Parce que les robots c'est trop cool - comme les nœuds papillons d'ailleurs. Et vous avez été nombreux et nombreuses à approuver ce thème, je vous en remercie, c'est super d'avoir autant de soutien. J'ai commencé à m'intéresser au Steampunk grâce aux costumes, et à la créativité que l'on peut exprimer via la couture et le Do It Yourself*. Pour commencer cette série d'articles, je me suis donc tournée vers un Vaporiste dont le costume m'a énormément marquée en 2022 : Korri O'Korgan, et son robot d'origine mexicaine, j'ai nommé Tuco, il hombre mecanico.
Korri, que j'ai connu via le forum Steampunk.fr, a gentiment accepté de répondre à mes questions : Qu'est ce qui t'a inspiré, es tu parti d'un robot déjà existant ? "Je ne suis pas parti d'un robot déjà existant... Même si techniquement c'est l'évolution d'un autre de mes costumes, un robot pirate. Je me suis quand même beaucoup inspiré des déguisements qu'on pouvait se faire quand on était petit avec un carton pour le corps, un pour la tête et des bouchons de bouteille pour faire des boutons. Je voulais faire un robot parce que c'est quelque chose qu'on voit rarement dans le steampunk en France, et je voulais faire un méchant parce que c'est encore plus rare qu'un costume de robot. J'invente toujours une histoire** à mes costumes pour en faire des personnages à part entière. Voici donc Tuco, un automate d'aide agricole qui a viré desperados après que son propriétaire ait mis de la tequila par erreur dans la chaudière du robot. La principale inspiration de ce robot est son homonyme du film Le bon, la brute et le truand. Bande-annonce du film mythique Le bon, la brute et le truand, de Sergio Leone, en 1966 C'est la quintessence de ce genre de film. Une petite pépite à regarder. Tuco est dans ce film un bandit comique, maladroit et volubile, recherché par les autorités. Combien de temps as tu mis (approximativement) pour concevoir et réaliser ta tenue ? En terme de temps je ne saurais pas trop dire, la conception est plutôt simple. Le plus compliqué c'est de trouver LA pièce qui va bien aller. En l'occurrence, j'ai eu la chance : le pot de fleur qui me sert de tête s'ajuste parfaitement sur l'ouverture du bidon de jardinage qui me sert pour le corps. Allez, je dirais une bonne journée de travail en comptant le découpage et la peinture. Croquis de la base du projet - il faut toujours coucher ses idées sur papier, pour voir les différences avec la réalisation finale, s'il y en a. Comment est ce que tu t'y es pris ? As tu des anecdotes à raconter sur la création de ce robot ? Le corps est un bidon en plastique de jardinage dont le fond est découpé pour laisser passer mon corps. La tête est un pot de fleur - mis à l'envers - avec de la moustiquaire pour la bouche et une lampe autocollante pour l'œil. Le Sombrero est fait avec des chutes de mousse isolante pour climatiseur. Au début j'avais peur qu'on m'accuse d'appropriation culturelle*** mais finalement je me suis inquiété pour rien car je n'ai eu que de bons retours sur le costume. Je fait parfois peur aux gamins mais en général ils adorent. Des photos du WIP (ou Work In Progress) du costume du robot Steampunk Tuco - On distingue bien les différentes parties utilisées Petite curiosité, d'où te vient le poncho ? J'ai trouvé le poncho sur Vinted. Est ce que ça change quelque chose pour toi d'être en convention avec un masque ? Est ce que tu as un rapport différent avec le public, avec les amis présents ? Est ce que tu t'autorises plus de choses en terme de Roleplay ? En vrai, c'est complètement à double tranchant, d'un côté je m'éclate à jouer mon personnage, je joue avec le public, j'hésite pas à poser quand on me le demande sans me soucier de la tête que j'ai sous le casque. D'un autre côté je sais que je ne vais pas forcément pleinement profiter de la convention parce que je sacrifie pas mal de confort, j'ai chaud, je passe difficilement dans les allées si il y a un peu trop de monde, je me soucie constamment de ne pas accrocher le costume dans quelque chose ou quelqu'un pour ne pas abîmer quelqu'un ou quelque chose... Je ne vais pas forcément profiter des stands à cause de la vision réduite ou alors je suis obligé de retirer le casque qui est encombrant à porter à la main. Je sais aussi que je vais avoir mal aux épaules et souffrir de courbatures pendant une semaine juste pour l'avoir porté un weekend. On imagine en effet le poids d'un tel attirail, ou la difficulté à se frayer un chemin à travers les stands... Chapeau ! Mais tout ça vaut le coup je trouve parce que j'adore faire rigoler les enfants et les parents, jouer avec d'autres personnes en costume qui vont parfois trouver un adversaire le temps d'une photo ou d'une vidéo. Ce genre de costume me permet aussi de temps en temps de faire la statue au bord d'un stand et effrayer la pauvre victime qui m'observe de trop près pensant que je suis un mannequin décoratif (par les dieux ce que je kiff faire ça xD ) Tuco contre Lady Eidolon, pour un duel imaginaire entre amoureux - photo par Justine Gozillon Le steampunk m'a vraiment appris à vaincre ma timidité mine de rien, mais elle a tendance à ressortir quand même lorsque je porte un costume où on voit mon vrai visage. Et puis j'aime bien quand les copains du steam me traitent de grand malade quand ils me voient arriver en scaphandre par 30°C à l'ombrelle xD ..." 01001101 01100101 01110010 01100011 01101001 00100000 01100100 01100101 00100000 01110110 01101111 01110100 01110010 01100101 00100000 01101100 01100101 01100011 01110100 01110101 01110010 01100101 Eh oui, à la suite de cette interview, et de cette erreur de frappe, on peut officiellement dire que les robots sont toujours aussi cools, et que quand un.e Vaporiste juge la température, ce n'est pas à l'ombre, mais à l'ombrelle. So steampunk de dire ça, je trouve. Si vous avez aimé découvrir Tuco, el hombre mecanico, et en attendant mes prochains articles sur les robots et le Steampunk, je vous conseille d'aller regarder les deux émissions youtube ci-dessous : Une belle interview de l'inventeur et artiste plasticien Futuravapeur avec ses Robotrons En savoir plus sur les robots d'hier et aujourd'hui avec Nicolas Rougier Avant de finir totalement cet article : si Tuco fonctionne grâce à de la tequila dans sa chaudière, personnellement mon sang est sans doute composé de thé. Cet article vous a plu et vous en voulez d'autres ? Aidez-moi à carburer à l'earl grey et au oolong chataîgne, en me payant un thé sur Ko-fi ! Cela me permettra de vite revenir publier sur les robots, les automates et les androïdes d'hier et aujourd'hui, et leur rapport avec le Steampunk. Salutations Vaporeuses, Mona Longueville #steampunk #robotsteampunk #costumedequalitay #steampunkfrance #steampunkfrancophone #robotméchant #lebonlabruteetleméchant #stylepulp * DIY ou Do It Yourself, en français : Fais le toi-même, est une des bases du mouvement Punk, et par conséquent du Steampunk. J'en ai déjà parlé dans cet article.
** On parle d'histoire, mais on peut aussi parler de background pour un personnage : d'où vient-il, qui était sa famille, quelles sont ses motivations. *** On parle d'appropriation culturelle quand quelqu'un se sert des éléments matériels et immatériels d'une culture pour l'usurper, la réduire uniquement à des clichés, avec une connotation d'exploitation et de domination. Ici, avec ce costume, nous sommes plutôt du côté clair de la force, vers l'appréciation culturelle : on connaît les risques de l'appropriation (donc on les évite au maximum), on se base sur des éléments culturels issus de la pop culture, et on sait les diffuser, en parler. Ce que j'aime avec l'appréciation culturelle, c'est qu'on se base sur l'apprentissage de l'autre, sur l'échange interculturel, qui provoque de l'enrichissement. On est loin d'une attitude qui serait uniquement basée sur le politiquement correct.
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Ce week-end, l'actrice Nichelle Nichols est partie. 89 ans, c'est dans l'ordre des choses, mais cela fait un petit choc tout de même. Si son nom ne vous dit rien, vous la connaissez peut-être grâce au Lieutenant Uhura, personnage ultra badass de la série Star Trek : The original series, dont les épisodes furent diffusés de 1966 à 1969 sur le réseau NBC. Elle joue l'officier chargée des communications à bord du vaisseau de cette patrouille du cosmos. Soyons clairs, je ne suis pas une très grande Trekkie*. J'ai regardé seulement quelques uns des épisodes de cette série en 2020, pendant et après le confinement, pour parfaire ma culture science-fiction, et ne pas passer à côté de ce monument qu'est Star Trek. Et je continue, de temps à autre, à regarder un épisode. Je ne suis pas accro, mais je reconnais la qualité des acteurs de l'époque, et les personnages de Spock, Sulu, et particulièrement Uhura, m'ont touchée. Aujourd'hui je me permets de parler de tout ceci car la mort de cette actrice m'a touchée, et aussi parce qu'elle a beaucoup apporté à Star Trek et à la Science-Fiction. Le Steampunk étant un sous-genre de la science-fiction... et étant moi-même une femme... bref j'avais envie d'en parler. ^^ Dans cette interview, l'extrait qui nous intéresse débute à 3min27Du coup, après avoir versé une petite larme et eu une pensée émue pour cette grande dame de la Science Fiction intergalactique qui vient de partir, je me suis un peu plus renseignée sur elle. Je suis notamment tombée sur cette anecdote dont elle parle dans l'interview ci-dessus (Cf. le lien youtube), concernant une entrevue avec Martin Luther King. Je retranscris** ici cette anecdote, pour les non-anglophones : "Je suis à une soirée, et on me signale qu'un de mes fans veut me rencontrer au moins une fois, il est désespéré de ne pas pouvoir me parler, alors je me lève de ma chaise et je me tourne. Je m'attendais à voir un fan de Star Trek, un jeune. Je me tourne, et je vois, à la place d'un fan, la tête que la terre entière connaît, avec ce sourire magnifique, et je me rappelle avoir pensé : "Qui que soit le fan qui veut me rencontrer, il devra attendre, car le Dr. Martin Luther King s'approche vient vers moi, il vient avec ce sourire magnifique". Et alors, cet homme s'approche et me révèle que c'est en fait lui le fan qui mourait d'envie de la rencontrer, et qu'il est son plus grand fan, et que toute sa famille est très fan d'elle, et que Star Trek est la seule série que ses enfants ont le droit de regarder même si l'heure du coucher est déjà passée. Ma bouche s'ouvre et se referme toute seule, tellement je suis éberluée. Et Martin Luther King continue, disant à quel point ils m'admirent dans sa famille : " La manière dont vous interprétez ce rôle a beaucoup de dignité, c'est magnifique" Je le remercie, et j'ai le courage de lui révéler que mes collègues acteurs allaient me manquer, vu que j'ai une autre offre qui se profile, et que je vais arrêter Star Trek. Martin Luther King me dit alors : "Ah mais non. Vous ne pouvez pas arrêter. Pour la première fois à la télévision, on nous voit comme nous devrions être vus chaque jour : des êtres intelligents, de qualité, beaux, capables de chanter et de danser, mais qui peuvent aussi aller dans l'espace, qui peuvent être avocats, professeurs... et ça, on ne le voyait nul part ailleurs à la télévision jusqu'à maintenant." Et il continue son discours, il continue, et moi je réalise petit à petit tout ce qu'il dit, l'importance que cela a, que c'est la vérité vraie... "Si vous partez de cette série Nichelle, la porte qui a été ouverte pour montrer qui nous sommes vraiment peut se refermer. Le rôle que vous incarnez n'est pas un "rôle de noire" ou même un "rôle de femme". Ce rôle pourrait être confié à un acteur qui jouerait un alien, si besoin." Devant ces propos lourds de sens, mon monde vacille, et j'ai un peu été dans le gaz le reste de la semaine. Le monde n'était plus pareil après cette conversation. Tout ce à quoi je pensais était la phrase de Martin Luther King comme quoi, pour la première fois, nous étions vus comme nous devrions l'être. Le weekend j'étais vraiment énervée : pourquoi moi ? Mais pourquoi moi ? Et le lundi arrive. Je vais voir Gene Roddenberry***, qui est à son bureau, sans même être vraiment sûr de ce que je vais dire. Je lui raconte alors ce qui est arrivée durant la soirée, cette conversation avec Martin Luther King, et que si il veut toujours de moi dans la série, je resterai, parce que je le dois. Et là, il sort d'un tiroir ma démission, pliée et repliée plusieurs fois. Il la jette. Il remercie Dieu, il me remercie, je le remercie, et ma vie n'a plus été la même depuis." Voilà pour l'anecdote, qui en dit long sur le côté progressiste de la série, son importance dans la lutte pour les droits civiques, et sur l'importance de la représentation dans ce qu'on regarde, ce qu'on lit, ce qu'on apprécie dans nos loisirs. Aujourd'hui quand on me dit "Femme de Science-fiction", en tant que femme cisgenre blanche d'une trentaine d'années, fan de SF, je pense seulement dans un premier temps à deux personnages : Lilou Dallas, du 5ème élément, et Ellen Ripley de Alien. Je me dis que c'est un peu triste qu'il n'y ait pas d'autres protagonistes, et notamment racisées****, qui me viennent en tête automatiquement. Surtout que ces dernières années, on a quand même eu droit à quelques exemples particulièrement marquants. (Je me suis un peu creusée la soupière, avec l'aide d'amis, et je mets ici, sans ordre de préférence ni chronologique, des personnages issus de la Science-Fiction au sens large du terme. Oui c'est aussi une belle excuse pour parler de femmes badass, je sais, on me voit.) Niobé, dans Matrix 2, 3 et 4, interprétée par Jada Pinkett SmithGamora, dans Les gardiens de la Galaxie, interprétée par Zoé SaldanoKee, dans Les fils de l'homme, interprétée par Clare-Hope AshiteyShuri, dans Black Panther, interprétée par Letitia WrightCe film est un régal pour les yeux en terme de costumes, mais aussi le bon moyen de glisser le mot Afrofuturisme dans ce billet de blog. eh oui, le but c'est pas de faire une galerie ou un top 10, mais aussi d'apprendre des choses. Meronym, dans Cloud Atlas, un des personnages interprété par Halle BerryMichonne, dans la série The Walking Dead, interprétée par Danai GuriraTanya, dans le film Snowpiercer, interprétée par Octavia SpencerOn peut aussi voir cette actrice dans le merveilleux film La forme de l'eau, un de mes petits chouchou. Et on finit en beauté avec Chani, dans le film Dune de Villeneuve, interprétée par Zendaya. |
Mona LonguevilleForte de mes 10 années d'expériences dans le milieu Steampunk Francophone, je vous propose ici mes conseils et mon retour d'expérience de terrain. Archives
Avril 2023
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