Mona Longueville - Créatrice et Conseils en Steampunk
Paris, 14 rue Bonaparte, 1830. L’école des Beaux-arts ouverte depuis 1817 déménage dans cette rue du 6ème arrondissement. Dans les spécialités enseignées, on trouve la prestigieuse Architecture. Les élèves de cette section pouvaient suivre deux types d’ateliers : soit « officiels ou intérieurs », situés au sein même de l’école, ou « libres et extérieurs », et disséminés dans le quartier. En tous les cas, ces élèves sont rattachés pédagogiquement à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts, et sont soumis à des rendus chaque semaine. Le vendredi à midi, leurs travaux doivent être soumis à un jury se trouvant dans la salle Melpomène de l’école. Les travaux exécutés par les étudiants sont faits sur de grands formats encombrants, collés sur des châssis. Afin d’assurer le rendu à temps de ces dossiers, les élèves des ateliers extérieurs se cotisent pour louer des charrettes à bras auprès des charbonniers de la gare Montparnasse. Ces jeunes se relaient pour tirer la charrette, ou exploitent les petits nouveaux pour le faire. Ils espèrent arriver à temps auprès du gardien chargé d’enregistrer les projets, et ensuite, enfin, accéder aux professeurs. Afin de réussir, ils courent comme des dératés dans les rues de la capitale, en criant « Charrette ! » afin de dégager le passage. Gravure de 1899 par Alexis Lemaistre - on y voit une charrette à bras bien chargée se faire tracter Le tout se faisant généralement après une nuit blanche. Il n’est de plus pas rare que certains étudiants finissent des croquis à l’intérieur de la charrette. Cette joyeuse cohue, synonyme de stress, de rendu avec des délais très courts, créé un esprit de corps dans la section Architecture. La « charrette », c’est la dernière ligne droite avant le rendu, c’est éprouvant physiquement, mais paradoxalement, c’est assez drôle, et cela donne une certaine valeur au métier d’architecte. On apprend ainsi à se dépasser – on n’a pas dormi, on doit finir à temps, on doit charger et décharger les châssis… Au mépris de la santé de l’élève, bien souvent : on voit qui craque et qui ne craque pas devant la quantité de travail donnée, et les délais bien trop courts pour le faire… En 1968, une réforme des Beaux-Arts sépare l’Architecture de la Peinture, la Sculpture et la Gravure. Les Ecoles Nationales Supérieures de l’Architecture – ENSA – sont fondées. Les charrettes disparaissent alors du paysage Parisien. Cependant, l’expression « Je suis charrette » est toujours utilisée dans le langage courant, plus de cinquante après cette réforme. Notamment en entreprise, où on signale ainsi à ses collègues que l’on est sous l’eau, et qu’on ne peut pas accepter de traiter un dossier de plus. Cette culture de la "charrette" est encore très nocive aujourd'hui. La course de Charrette, une des traditions de la filière Architecture des Beaux-Arts. Ici, la course de 1927 De quoi s'inspirer pour créer un nouveau sport uchronique ? Dans la communauté du Steampunk, certains Vaporistes aiment juger les choses à l’aune de leur historicité, ou non. Le fameux « C’est pas histo » dont je parlerai un jour prochain dans un de mes futurs articles, qui sont issus de ma pratique du Steampunk et de ma présence dans la communauté depuis plus de dix ans. C’est donc grâce à mon expérience en costume et sous la protection de cette anecdote hautement historique que je vais me permettre de vous parler du fameux « Rush Costume ». Le mot Rush a en anglais une signification d’urgence, de hâte importante. Quand on parle de « Rush costume », c’est bien souvent avant un festival, une convention, un spectacle ou un défilé. Le but est de finir son costume ou son cosplay* avant la date imposée, afin de pouvoir l’arborer fièrement. Quitte à faire des nuits blanches, à demander à des amis de venir aider… Tous les moyens sont bons pour finir à temps. Vidéo de Maul Cosplay - "Get it done" - Cette version parodique de "Comme un homme" du dessin animé disney de Mulan est un véritable ode aux nuits blanches de rush costume, en particulier pour les fans de cosplay Certains Vaporistes, dans mes ami.e.s et mes contacts, notamment des créateurs et créatrices, des artisans, ou simplement des passionnés de costumes, se sont étonnés de mon intention d’écrire un article sur ce concept. Le « Rush costume », n’est ce pas simplement la façon classique de créer ? Pourquoi utiliser ce terme, en fait, si tout le monde fait comme cela ? Et je comprends aisément ces personnes : j’ai été moi-même plusieurs fois en « rush costume » au cours de mes dix ans de pratique du Steampunk. Durant la semaine où j'ai écrit cet article, j'ai travaillé sur une robe pour un mariage où je suis témoin ce weekend (ça va être fabuleux), ainsi qu’un gilet sur mesure pour mon compagnon afin que nous soyons assortis pour ce bel événement. Et je caresse doucement l’espoir de finir un élément de costume pour Halloween. Qui tombe le lundi juste après le mariage, oui oui. L’espoir fait vivre. Bref, on ne se refait pas. Le plus beau rush costume que j'ai connu jusqu'à présent, c'est celui pour faire mon costume de poupée mécanique, que vous pouvez voir en couverture de ce blog, immortalisé avec brio par Dominique Vichot. Les astres se sont parfaitement alignés pour la réalisation de la robe et de la clef dorsale. J'ai passé une semaine à coudre de la dentelle, du tissu (que j'avais depuis quelques années déjà, et qui attendait LE bon projet pour être utilisé), et à contrecoller et peindre du carton. Portée par le projet photo que Dominique avait envie de shooter, je me suis littéralement défoncée, à travailler chaque soir (en oubliant presque de manger) après le boulot - et je finissais à 19h à l'époque. Je profitais des temps de séchage de peinture pour donner une impression de rouille sur la clef, pour retourner à la machine à coudre. J'alternais ainsi les étapes, et j'étais en mode hyperfocus sur CET ouvrage. Je garde un très bon souvenir de cette semaine, ainsi que du shooting. Et nos efforts à toutes les deux ont été récompensés : Dominique a reçu de nombreux prix pour cette photo. Elle a mis en scène cette poupée, comme si elle était abandonnée dans un grenier, auprès d'autres jouets délaissés. Un seul tour de clef pourrait la réanimer, pourtant... Je remets ici la photo, au cas où je change d'image de couverture un jour... Merci encore à Dominique pour cette jolie expérience ! Généralement, et depuis quelques temps seulement, je suis dans la team « organisée », dans le sens où j’ai besoin de prévoir du temps pour faire les choses. Sinon, je ne les fais simplement pas. Mon agenda est sillonné de plages horaires « couture » ou « créa steampunk », afin de réserver des heures spécifiques à mes projets. Je suis malheureusement sujette à deux choses, des problèmes de santé avec une fatigue chronique qui frappe sans crier gare, et qui m’oblige d’un coup au repos absolu, ainsi qu’à une tendance à un papillonnage d’un projet à l’autre. Si je ne me force pas à travailler sur un projet unique à la fois, je passe de l’aquarelle à la couture puis au tricot, en m’occupant un peu de ma maison, par exemple. D’où la nécessité de placer ces plages horaires dans ma semaine, et de les respecter, au détriment parfois de ma vie sociale. Bref, j’essaie d’être organisée, ou du moins de l’être le plus possible, mais certaines choses me contraignent au Rush Costume. Que j’évite pourtant le plus possible, car le stress engendré ne me réussit pas. Non, je n’aurais sans doute pas fini mes études d’architecture à l’école des Beaux-Arts en 1830 !** On trouve de nombreux memes de ce genre en anglais sur le net, qui reprennent le principe des graphiques en camembert, mais de façon humoristique. Je me suis permise de traduire celui-ci, que j'aime beaucoup, car il touche juste. Lucie, costumière et corsetière dans le Jura, sous le doux nom d’Elphaï couture, me précise via facebook qu’elle est de son côté en train de finir deux robes pour ce weekend. Elle comprend donc aisément pourquoi certains contacts parlent de "processus normal de création d'un costume" : il faut bien suivre le rythme des commandes. Lucie se trouve plus créative dans l'impasse, car elle n'a alors plus le choix. Et que le projet soit prévu sur une semaine ou deux années, il y aura de toute façon un rush final. Et ce mode de pensée peut se rapprocher de ce principe assez insolite et très humain : la loi de Parkinson. Cette loi porte le nom de son inventeur, Cyril N. Parkinson. C'est un écrivain britannique né en 1909 et décédé en 1993. Durant sa carrière, il a été officier à l'état major général durant la deuxième guerre mondiale, professeur à l'université de Californie et président d'honneur de l'université d'Alabama. Il a notamment observé la fonction publique Britannique, et en a retiré cet enseignement : Tout travail au sein d'une administration augmente, jusqu'à occuper entièrement le temps qui lui est affecté. En clair, si un collaborateur dispose d’un délai d’une semaine pour réaliser une tâche, il mettra une semaine. Mais l'on donne un délai de deux semaines au même collaborateur pour la même tâche, il mettra deux semaines pour l’accomplir ! La loi de Parkinson, en résumé, versus la réalité du rush costume... Cette loi incite donc à se poser des questions sur le temps envisagé pour faire certaines actions. On peut, par exemple, se donner comme limite de prendre uniquement trente minutes par jour pour répondre aux e-mails, et être aussi efficace que si on y répondait au fur et à mesure de la journée (suivant le type d'administration dans laquelle on travaille, ça peut fonctionner). Imaginons dans le cas de la création d'un costume : selon la loi de Parkinson, si on se donne deux épisodes de Carnival Row*** pour terminer des finitions sur une manche, on sera plus efficace que si l'on se donne toute une soirée. De plus, se donner un temps précis pour exécuter les choses permet l'établissement d'un rétro-planning pour les projets les plus ardus. En se permettant une petite marge de manœuvre pour les temps de séchage suivant les techniques, bien entendu ! Car il ne faut pas oublier un autre principe, la loi de Hofstadter : « Il faut toujours plus de temps que prévu, même en tenant compte de la loi de Hofstadter. » Nous voilà donc bien avancé.e.s... En tout cas, je vous prie de bien vouloir noter que je serai ravie de parler plus avant de création de costume, et de mon expérience dans le milieu Steampunk Francophone, au sein de sa communauté. Vous pouvez m'écrire dans les commentaires du blog, bien sûr, mais aussi via l'onglet "contactez-moi" ainsi que via mon Instagram @latetedanslesrouages ! Je vous ai dit que j'aimais les graphiques ? Surtout ceux faits un peu au doigt mouillé, sans réelles études, mais qui donnent quand même un bon aperçu d'une situation ? J'ai envie de vous partager le rush costume le plus épique de ma copine Myrtille, elle aussi passionnée de couture. Malheureusement, il n'y a plus de traces du cosplay qu'elle a créé. Je vais donc en profiter pour mettre des illustrations du personnage en question : il s'agit de Sheeta, une jeune femme forte, qui possède un pendentif au pouvoir mystérieux, et qui est issue du long-métrage de japanimation Le Château dans le ciel des studios Ghibli - sorti au cinéma en 1986 au Japon, et en 2003 en France. Si vous ne l'avez pas vu, c'est un petit bijou d'animation, avec une esthétique Steampunk - des robots, des pirates de l'air, une cité volante perdue... Courez le voir, vous dis-je ! Sheeta avec sa jolie robe, et son compagnon Pazu - des enfants prêts pour l'aventure C'était pour la première édition de l'Animeshon, j'avais su relativement tard mais l'organisation cherchait des Cosplayeurs pour faire un petit défilé avec prestation avant les projection du jour d'ouverture. Je choisis de faire Sheeta du Château dans le ciel et prévois un Quick change pour passer de la robe noire à sa tenue pirate. Je ne sais pas pourquoi mais je me dis que cette dernière sera plus pratique à monter en une seule combinaison plutôt qu'en deux vêtements séparés, et je décide de poser une fermeture invisible..... sur le côté.... Sheeta en train d'arpenter un vaisseau volant, en tenue de "pirate de l'air" On voit avec l'exemple de Myrtille qu'il est important, même pour un projet de dernière minute, de tester, faire des essayages, regarder ce qu'il se fait déjà, et surtout, surtout, toujours être entouré.e d'ami.e.s qui sont fans de débrouillardise ou de couture ! D'autres personnes ont partagé des anecdotes de rush costume, certaines pleines d'anxiétés - comme le fait de ne littéralement pas réussir à se mettre à l'ouvrage alors qu'on sait que cela va donner beaucoup de retard au projet et potentiellement, selon un terme très technique, "foutre une merde noire pas possible" alors que ça aurait pu le faire niveau timing (mais apparemment le mode panique de dernière minute fait des merveilles) ; d'autres racontées avec plus de sérénité, mais on sent que l'expérience a eu lieu il y a longtemps, et que le cerveau n'a laissé en mémoire que les bons souvenirs de l'événement. Ah, les merveilles que peut faire le cerveau face aux traumatismes divers et variés. Pour les non-anglophones, en abscisse nous avons une ligne temporelle, en ordonnée le travail fini - noté de 0 à 100%). La courbe noire est le travail véritablement fait, et la courbe rouge est la perception que l'on en a. Pour ma part, cette semaine, avec mes différents projets coutures évoqués dans l'article, j'ai traversé plusieurs phases, mentalement parlant : confiance absolue, dépréciation, et si je jetais tout et que j'allais au mariage en tenue de dinosaure gonflable finalement, eh mais c'est pas si mal, je vais continuer ce projet. Une sorte de montagnes russes de la confiance en soi, en quelque sorte. Le tout avec cette chanson en tête la plupart du temps (heureusement que des podcasts m'ont distraite) : The art of the dress, ou la Licorne télékinésiste Rarity coud des robes pour ses amies quadrupèdes... Oui, l'amitié c'est magique, mais la couture prend quand même du temps ! (extrait de la série My little poney nouvelle génération) Heureusement, tout est bien qui finit bien, ma robe et le gilet pour ce week-end sont finis, et je suis sur le départ pour aller aider à finir de tout mettre en place, pour un mariage fabuleux ! J'espère que cet article vous aura appris des choses, si c'est le cas je vous invite une nouvelle fois à m'en parler dans les commentaires. J'aime échanger et partager mon expérience du Steampunk et de la couture : d'autres articles sur comment créer un costume, ou sur des conseils pour choisir tel ou tel élément viendront bientôt sur ce blog. Si vous êtes en train de finir un costume pour ce weekend, pour les fêtes d'Halloween notamment, je vous envoie plein de bonnes ondes pour vous aider à tenir. Je sais que des lecteurs et des lectrices se rendent notamment au Bal paradoxal 6ème et dernier du nom, sur le thème de l'Atlandide : force et honneur pour les finitions ! J'ai hâte de voir vos sirènes et autres monstres marins... Et surtout, joyeux Halloween 2022 ! Salutations vaporeuses, Mona Longueville #steampunk #steampunkcostume #costumededernièreminute #rushcostume #conseilcostumesteampunk #vocabulairesteampunk #graphique #jaimelesgraphiques #cestpassourcémaisboooohçapassenon ? #getitdone #sivouslavezentête,désopasdéso * Afin de faire la différence entre cosplay, costume et déguisement, je vous renvoie vers mon article ici. ** je n’aurais pas fini architecte, à cause de ma non-résistance au stress, au fait que je sois née avec des chromosomes XX (et donc reconnue comme femme dans notre société, et que l’école ), mais aussi et surtout parce que je suis nulle en maths. Dommage… Blague à part, les femmes ont commencé à être acceptées aux Beaux-Arts uniquement à partir de 1896, malgré une grève des étudiants qui avaient peur que la réputation de l'école souffre de la présence de ces demoiselles… sigh. Source : https://alheuredelart.wordpress.com/2018/07/31/entree-des-femmes-ecole-beaux-arts *** Oui, ça fait deux heures environ. Nous sommes nombreux et nombreuses en couture à regarder des épisodes de série d'un œil ou à écouter des podcasts pendant nos longs moments de création. On peut donc en faire une unité de mesure du temps. Les ressources qui m'ont permis d'écrire cet article :
https://www.grandemasse.org/PREHISTOIRE/?c=actu&p=alors_charrette_et_charrett_club https://www.artistsjourney.com/blog/procrastination-creativity-the-hidden-lessons Si vous êtes anglophone, cette page est pleine de sagesse (moléculaire) sur la procrastination. Et pour rire un peu : https://www.facebook.com/gemmacorrell/posts/a-map-of-the-island-of-procrastination/10160477956925191/ attention à ne pas vous perdre sur l'île de la procrastination, entre la zone de confort, les montagnes de la distraction (avec le mont Gaming ou le Pic télé), la vallée de "l'envie soudaine et urgente de faire sa lessive", ou encore sa célèbre ville "tiens et si je rangeais mon placard"?... https://blog.devolutions.net/fr/2014/02/sysadminotaur-27-la-loi-de-parkinson/ Une vision plus "réaliste" de la loi de Parkinson
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Créé en 1887 par Arthur Conan Doyle pour son roman policier « L’étude en rouge », Sherlock Holmes est devenu un archétype de détective privé. Avec sa mémoire phénoménale et ses capacités de déduction, aucun mystère ne lui résiste. Je suis très attachée à ce personnage, car j’ai eu la chance de faire partie d’un club dédié à ses aventures quand j'étais petite. Dans cet article, je vais vous parler tout d'abord de ce club - qui a été une belle aventure, puis des raisons de l'utilisation du personnage de Sherlock Holmes dans des œuvres Steampunk, pour finir avec une interview de l'illusionniste et mentaliste Astier Holmes (qui s'inspire, comme son nom de scène l'indique, de notre détective préféré). Sherlock Holmes ou Les Aventures de Sherlock Holmes (The Adventures of Sherlock Holmes) est un film américain d'Alfred L. Werker, sorti en 1939. Fin des années 90, à Amiens. Nous étions une dizaine d’enfants de différentes classes en CM1 et en CM2 à nous réunir chaque mardi soir, afin de lire les enquêtes relatées par l’inspecteur Watson. Un plaisir de frissonner ensemble à cause de la lecture à voix haute du Chien des Baskerville ou du ruban moucheté. Notre passion commune nous avait motivé à organiser un voyage en Angleterre : prendre le ferry, aller jusqu’à Londres, visiter le musée situé au célèbre 221 bis Baker Street, et prendre un goûter chez Mme Hudson. Pour ce faire, pendant un an, nous avons lavé et nettoyé plusieurs voitures, fait du baby-sitting, budgété le voyage au centime près… Nous avons réussi à rassembler un peu plus de la moitié de la somme nécessaire au voyage. Devant notre enthousiasme, nos parents ont complété le reste. Le voyage fut une parfaite bulle de bonheur, et un de mes meilleurs souvenirs d’enfance. Je souhaite une expérience pareille à n’importe quel groupe de fans de littérature. Une de mes premières expériences associatives en somme ! C'est en grande partie ce genre de choses qui m'ont amenée à fonder l'association Steampunk Parisienne la Société des Libellules en 2014, et aujourd'hui à écrire ce blog, afin de parler et de diffuser mon appétence pour ce sous-genre de la science-fiction. Si vous avez des projets concernant la culture Steampunk, je serai ravie de vous faire part de mon expérience en ce domaine. Vous pouvez me joindre via mon formulaire de contact ou via ma page instagram @latetedanslesrouages . Musée Sherlock Holmes sis 221B Baker Street à Londres : un vrai bonheur pour les connaisseurs, des clins d'œil aux différentes aventures sont glissés partout ll n’y a pas d’éléments Steampunk dans les romans canon de Conan Doyle : l’action se passe dans un Londres Victorien tout ce qu’il y a de plus classique. Ces enquêtes policières ont tout de même constitué pour moi une porte d’entrée vers le rétro-futurisme, en me donnant le goût des années 1900 (ça, et un penchant immodéré pour les peintures et affiches de Mucha), et en renforçant mon goût pour la lecture. Comme je l’ai déjà expliqué dans cet article, le Steampunk est un genre littéraire à la base. Aimer lire, c’est un atout non négligeable pour les Vaporistes. Carte postale de Londres en 1905 Alors pourquoi diable se poser la question « Sherlock Holmes est-il Steampunk ou non » ?Dans le Steampunk, on aime s’approprier des personnages, les utiliser afin de les mettre en scène dans d’autres aventures. On continue à les faire vivre, en jouant sur des références communes. On pense au principe du caméo, des petits rôles d'acteurs dans un film ou juste une apparition pendant un plan. Pour les œuvres littéraires, l'auteur Etienne Barillier me signale qu'il convient mieux de parler d'intertextualité, une notion apparue vers la fin des années 60. Par exemple, dans l’excellente uchronie La lune seule le sait de Johann Eliott, on voit interagir l’agent spécial Jules Verne avec Louise Michel… sur une base secrète lunaire. On s’attend, uniquement à l'évocation des noms de l'auteur de 20 000 lieues sous les mers et de la Vierge Rouge, à un sens de l’aventure phénoménal et une volonté farouche. Ce roman leur fait honneur. Comme d’habitude dans le Steampunk, on s’amuse avec l’histoire, avec le "et si…", ainsi qu'avec le merveilleux scientifique... 1er épisode de la saison 16 des Simpsons, pour le Simpson horror Show numéro 15 - Eliza Simpson mène l'enquête ! On retrouve véritablement le personnage de Sherlock Holmes dans différents médias aujourd'hui... Et dans le cas de Sherlock Holmes, on a vraiment de quoi s'amuser ! C’est assez fascinant de voir ce personnage être utilisé dans d’autres œuvres, notamment littéraires, car il y a déjà dans les romans de Sherlock Holmes un rôle prépondérant de la lecture et de l’écriture : le lecteur lit, bien évidemment, mais c’est Watson qui fait la chronique, donc qui écrit, ainsi qu’Arthur Conan Doyle, alors que Sherlock Holmes lui lit les indices, qui sont de l’ordre du microscopique parfois (d’où l’usage de la loupe), avec une tâche d’encre sous un ongle, un rictus lors d’un interrogatoire, et de l’ordre du détritus souvent : une trace de boue rougeâtre sous des pneus – cette boue ne peut venir que d’un seul endroit dans le comté et ces pneus sont usés, mais on reconnaît le tracé caractéristique de tel producteur de pneus, qui officiait de telle année à telle année, et qui a été racheté par un nouveau propriétaire, qui est en fait le beau-frère du boulanger du village d’à côté, et ce boulanger a eu une liaison amoureuse avec la victime quand ils étaient dans la prime adolescence, ce qui en fait un suspect pour l’affaire, c’est élémentaire, voyons... Je ne parodie que légèrement les romans, avouons-le... Utiliser de nouveau le personnage de Sherlock Holmes dans une autre œuvre, c’est ajouter une nouvelle strate de lecture possible à ce mille-feuilles déjà épais ! mais pourtant tellement délicieux à dévorer. En continuant sur le thème de la littérature... Le roman policier, ainsi que le roman gothique, a connu un grand succès dès le 19ème siècle grâce à sa capacité à être le réceptacle des peurs spécifiques de son époque. On part d’une transgression – un meurtre, une tentative d’assassinat, une disparition soudaine – auxquelles on va donner une explication vraisemblable, grâce à la science et à l’esprit de déduction. La pulsion humaine, terrifiante, va être dominée ou éclaircie par la force et la rigueur du détective. La résolution du crime rassure, apaise la situation, aussi bien que le lecteur, qui a assisté aux faits, et à la résolution progressive, en observant le tout, installé de façon confortable, tournant les pages frénétiquement – on est entre la curiosité maladive voir malsaine, la volonté de résoudre le crime avant le héros, ou simplement le plaisir de voir l’intrigue se dérouler jusqu’à la résolution. Vous avez dit catharsis ? Aussi, le merveilleux scientifique bat son plein à l’époque de l’écriture des aventures de Sherlock Holmes : même si les romans canons de Conan Doyle ne mettent pas en scène des machines incroyables, on reste dans cet état d’esprit ou les avancées scientifiques permettront au monde d’être meilleur, et sauvé – littéralement : le détective consultant empêche des crimes, voir des morts. Vu ces conditions, il est facile de rajouter un brin de steampunk dans ces aventures, avec par exemple un robot Watson, des drones en forme de cygnes à la solde de Moriarty sur la Tamise, un métro aérien nouvelle génération peut rallier Kensington à Covent Garden en zigzagant entre les arbres de Hyde Park, un canon de bras avec une loupe améliorée qui permet de voir l'invisible et l'occulte... La seule limite étant bien sûr l'imagination. L'acteur Basil Rathbone dans son rôle de Sherlock Holmes pour le film "Les aventures de Sherlock Holmes" On a donc un personnage puissant, hors-normes, dont l’œuvre est perclus de littérature, de lecture et d’écriture, et qui permet au lecteur une certaine catharsis. Pas étonnant que le monde Steampunk apprécie utiliser ce personnage, et aime lui inventer de nouvelles histoires. En plus, grâce à lui beaucoup de gens connaissent le chapeau Deerstalker. J'approuve totalement. Et oui, un jour je ferai un article sur les chapeaux Steampunk et comment les customiser. Et le Deerstalker en fera partie, évidemment. "Le plus grand des détectives, oui c'est lui, Sherlock Holmes le voici..." Et c'est aussi Mme Hudson, qui envoie du lourd dans cette série magnifique ! Une des adaptations que j’apprécie particulièrement est celle faite en dessin animé par Hayao Miyazaki, créée pendant les années 80, et mettant en scène des canidés anthropomorphes. On apprécie l’imagination débordante de Miyazaki pour les machines improbables – Moriarty pourrait s’associer avec Coyote afin de conquérir le monde avec leurs inventions, ils réussiraient peut être pour une fois – et surtout les engins volants. Comme dans de nombreux films du studio Ghibli – Porco Rosso, Nausicaa, Kiki la petite sorcière ou encore le château dans le ciel – on y voit la passion du vol de Hayao Miyazaki. Mention spéciale pour l'étrange ptérodactyle rose dont se servent les méchants, c'est un régal d'absurdité. Le générique a enchanté les oreilles des enfants des années 80. La chanteuse à la voix d’ange est Amélie Morin, qui a également interprété le générique Candy Candy. La série est très manichéenne, les gentils font le bien, ne laissent pas filer le bandit, les méchants sont punis et attrapés... Mais cela reste extrêmement plaisant à regarder, même près de quarante ans après sa sortie. Selon les pays, on présente Sherlock Holmes comme un renard, ou comme un corgi. Personnellement j’ai toujours cru que c’était un renard… Dans tous les cas, ça reste un fin limier. Entretien avec Astier Holmes, illusioniste, mentaliste, magicien... et Fan de Sherlock Holmes, bien sûr.Ce blog a plusieurs buts. Non contente de vous présenter à travers mes articles ma connaissance et mon expertise en Steampunk, grâce à une décennie de pratique personnelle et associative, je développe également mes capacités rédactionnelles, mes connaissances en référencement internet, de potentiels sujets à donner en conférence lors de conventions (vous pouvez me joindre via le formulaire de contact et ma page instagram @latetedanslesrouages), mais aussi purement et simplement de faire vivre et connaître la communauté. Certains membres sont devenus des amis, et c'est le cas d'Astier Holmes, un magicien et homme de scène de talent, passionné des aventures de Sherlock Holmes, avec lequel j'ai eu la chance de m'entretenir une bonne heure... Ce qui me permet de rajouter à la liste des buts de ce blog : "apprendre à mener le délicat exercice de l'interview" et "apprendre à retranscrire une interview". J'espère donc que cet entretien vous plaira ! J'ai essayé de rester fidèle au maximum au ton de la conversation naturelle et amicale que nous avons eu. Enjoy ! Affiche pour le spectacle Les irréguliers de Baker Street, par Astier Holmes On y retrouve des éléments les codes de Sherlock : la typo des années 1900, le deerstalker, la loupe, une ambiance mystérieuse... avec des éléments Steampunk dans la mise en page. Bonjour Astier, tout d'abord une question simple : comment as tu commencé à t'intéresser à Sherlock Holmes ? Je vais répondre à une question simple avec une réponse compliquée. Je vais prendre un exemple très bête mais assez significatif, même si ça a l’air hors de propos au premier abord... Les spectacles que je tourne le plus sur l’univers de Sherlock Holmes, c’est Jack l’éventreur, et mon spectacle Sherlock et les irréguliers de Baker Street. Il faut savoir que ce dernier spectacle est né d’une demande de mon public enfant, parce que je préparais un spectacle de mentalisme sur Sherlock Holmes pour adulte. Les gamins étaient en mode « je veux venir je veux venir », et ma réponse était « ahem, c’est pas trop pour les enfants, c’est compliqué, y a des notions de psychologie, de science… » et les gamins ont retorqué « oui mais il n'y a jamais rien pour nous en mentalisme ». J’ai donc fait un peu mes recherches, et je me suis rendu compte que c’était vrai, ou pas grand-chose en tout cas. Y avait de la demande, pas ou peu d’offre sur ce créneau, et les enfants s’y intéressent beaucoup, grâce à des gens comme Fabien Olicard ou Viktor Vincent, qui passent à la télé. A part ça, il n’y avait pas grand-chose... En plus, en travaillant là-dessus, je me suis rendu compte que les gamins connaissent tous de plus ou moins loin le personnage ET l’univers de Sherlock Holmes. Des fois c’est juste grâce à une adaptation pour enfants, d’autres fois c’est parce qu’ils ont étudié une nouvelle ou deux par ci, par là… Et je suis tombé, grâce en partie aux festivals littéraires avec lesquels je travaille, sur des études qui affirment que le genre polar-policier est le genre littéraire le plus en vogue, le plus consommé par des enfants*. Cela correspond à un besoin de logique. Tom Clancy disait dans ses romans « La différence entre la fiction et la réalité, c'est que la fiction doit avoir une logique ». Il faut que les choses arrivent pour une raison, qu’il y ait un sens aux choses. Les gamins ont besoin de ça. Le genre littéraire du polar y répond le plus. Dans la vraie vie, il t’arrive des trucs sans raisons, tu peux te manger une merde sur le coin de la gueule, c’est juste parce qu’il te tombe une merde dessus. Oui, tandis que dans la fiction, il faut que ça serve la construction de ton personnage, de ton récit, pour faire avancer l’histoire ? Oui, et je pense que c’est ce besoin d’explication logique, rationnel, qui m’a plu quand j’ai lu Sherlock Holmes. Ce sontt les premiers livres que j’ai lu en dehors de l’école, quand j’étais assez jeune. Je devais avoir 8-9 ans quand je me suis torché l’intégrale, c’est-à-dire 56 nouvelles et 4 romans. Je lisais beaucoup étant gamin. Et comment as tu réussi à concilier Sherlock Holmes et Steampunk dans tes spectacles, du coup ? C’est compliqué de voir ce qu’on rentre dans le steampunk ou non… Des fois des gens me classent uniquement dans le côté cabinet de curiosités, ou le côté spiritisme, car des fois je suis sur un univers plus victorien que steampunk. Mon Sherlock, je l’ai accessoirisé à la Steam, il a un brassard avec la loupe qui se déplie, sur un bras articulé. C’est délicat car le Steampunk c’est de l’uchronie et de la fantaisie, mais historiquement dans le 19ème siècle ya des choses qui rentrent dans l’uchronie. La phrénologie, par exemple. Le galvanisme, aussi. C’est ce qui a inspiré Mary Shelley. Médicalement, à l’époque, ils ont découvert que si tu choquais électriquement un cadavre, cela stimulait les nerfs et ça faisait bouger les membres. Le galvanisme, en gros, c’est les bienfaits de l’électricité sur le corps humain, vivant ou non… Y a beaucoup de disciplines plus ou moins scientifiques qui peuvent entrer dans le Steampunk. Ou tout simplement des appareils d’époque qui ont un groove steampunk. Tu plantes un microscope du 19ème siècle en laiton sur un stand, et le public peut s’extasier sur le côté Steampunk de l’objet, alors que c’est juste un microscope d’autrefois… La frontière est floue entre l'histo et le Steampunk. Mais j’aime bien en jouer. Dans le Steampunk, y a pas vraiment de définition officielle. On est pas d’accord entre nous… C’est comme avec le mentalisme. Le spectacle Animagie, j’y ai glissé des éléments steampunk, alors qu’on est dans une ambiance école de sorciers, avec des potions magiques, des dragons… Et j’ai aussi du Steampunk dans Sherlock, alors qu’il est hyper rationnel. Gravure de Louis Figuier, représentant une séance de Galvanisation, en 1867 Le 19ème siècle c’est un peu le moment de tous les possibles : d’un point de vue scientifique, d’un point de vue révolution industrielle, l’écart se creuse entre les riches et les pauvres, et les bourges ne savent pas quoi faire de ce pognon. Ils vont financer des expéditions, en Egypte par exemple… Y a des séminaires scientifiques dans les facultés de médecine, on découvre de nouvelles techniques. L’essort de la machine à vapeur… Il y a aussi les prémices du pétrole, un peu, la voiture à essence arrive rapidement après. Quand on réduit le steampunk à la technologie à vapeur, pour moi, c’est pas forcé… De nombreuses choses se développent au 19ème. Concernant Sherlock et le steampunk, j’aimerais qu’on parle du côté criminologie et médico-légale. Certaines qui ne sont plus fiables aujourd’hui, d’autres beaucoup plus. Le principe de l’empreinte digitale par exemple : c’est encore reconnu aujourd’hui. Mais à l'époque par exemple, des gars bossaient sur l’identification via les lobes d’oreilles…** Mais la communauté scientifique n’était pas forcément à l’écoute. On en voit un exemple dans le film Sleepy Hollow, quand le personnage du scientifique commence à parler de découvertes, et que les autres personnages ne l’écoutent pas, à cause du poids de la religion (entre autres)… Et le personnage a clairement un côté Steampunk, avec ses goggles hyper fouillées. Je trouve que c’est assez représentatif du flou sur ce qui est steampunk ou pas. Et puis tu peux prendre un contrepied, avec du steampunk médiéval…. Ou Victor Fleury, qui a fait L’empire électrique, avec un 19ème siècle uchronique : la dynastie des Bonaparte a conquis une bonne partie de l’Europe, et a répandu une technologie très steampunk MAIS à base d’électricité. On est à fond dans du Steampunk, alors qu’on a ni du victorien, ni de la vapeur… Affiche du Spectacle "Jack l'éventreur" - Astier Holmes concocte des spectacles pour les petits, et pour les grands... Oui, et je pense aussi au Gaslight Fantasy, avec Le paris des merveilles, où on a un univers Steampunk croisé avec de la féérie. Dans le genre, on a la série Carnival Row, avec des fées, des faunes…. J’aime beaucoup aussi la magie technologique. Quand la magie est étudiée, théorisée, et que c’est la magie qui sert à faire fonctionner des moteurs par exemple. C’est de la magie appliquée. Le steampunk n’est pas forcément cadré. Oui, j’aime beaucoup la phrase « Le steampunk c’est ce que vous en faîtes ». Clairement ! On peut faire du steampunk post-apo si on le souhaite, comme dans le jeu vidéo Guns of Icarus. L’humanité après une apocalypse s’est remise à faire des zeppelins, une ambiance très steampunk… mais c’est du post-apo à la base. J’aime aussi beaucoup la phrase « Arrêtez de parler du Steampunk et faîtes en ». Revenons à tes spectacles : est ce qu'on peut parler de mentalisme pour les capacités de déduction de Sherlock Holmes ? A mon sens, oui, et je dis bien à mon sens, car le problème que l’on a depuis quelques années avec le mentalisme, c’est que la définition n'est pas structurée, au moins linguistiquement parlant. Chaque mentaliste a sa propre définition. Il faut vraiment, selon moi, séparer le mentalisme de la magie, alors que certains pensent que le mentalisme est une sous-branche de la magie. Pour moi Sherlock est une façon de présenter le mentalisme, ce personnage a ce côté-là un peu rationnel, il explique comment il arrive à telle ou telle déduction – sachant que tu n’es pas forcé de le faire en mentalisme « je vais lire dans votre esprit », tu peux très bien le jouer plus mystique – et cela permet de satisfaire un besoin de logique qu’ont les enfants. Les adultes aussi, mais avec ces derniers je me permets peut être un peu plus de flou dans le personnage de Sherlock. Pour les enfants je détaille vraiment mon cheminement de pensée pour arriver à telle déduction : un adulte je peux très bien deviner sa personnalité préférée à ses chaussures, aux bijoux portées… La psychologie d’un adulte va construire et fantasmer un peu le lien entre telle et telle chose, tandis que pour l’enfant je vais plus expliquer. En mentalisme on joue sur des biais cognitifs, des choses qui se rapprochent de l’illusionnisme, de la psychologie… à mon sens ce que fait Sherlock est pleinement du mentalisme. La tatoueuse Macha The Ferret propose de nombreux flashs sur Marseille... J'ai adoré cette planche inspiré de l'univers de Sherlock Holmes ! Ayant déjà un tatouage d'elle, je vous la recommande chaudement pour sa créativité et sa douceur. Raconte nous comment ce personnage a pu t'inspirer pour créer des tours ou des spectacles - sans révéler tes secrets bien évidemment – je pense aux irréguliers de Baker Street par exemple, où au fait que tu te présentes sur ton site web comme détective consultant occulte. Pour commencer, j’ai une petite dizaine de spectacles dans mon catalogue. J’ai Animagie qui est sur un univers onirique, fantastique, école de sorciers et compagnie… J’ai Ghostbusters qui est bien évidemment sur l’univers Ghost Busters, j’ai Sherlock ou je ne me présente pas en tant qu’Astier, mais simplement en tant que Sherlock Holmes – et c’est un spectacle destiné aux enfants. Ensuite, j’ai vraiment un univers propre, que je vais proposer notamment sur ma chaîne youtube, avec les cabinets de curiosités, Jack l’éventreur, les sessions « magie bizarre » que je fais en close up. Quand je présente cet univers, j’explique que c’est une fusion entre Sherlock Holmes et Ghost Busters. Après c’est de la scène, je suis là pour incarner un personnage, qui peut tout à fait changer d’un coup à l’autre, même s’il y a toujours pour ma part pas mal de ma personnalité dans mes personnages ; afin de me faciliter le travail d’improvisation. Le côté détective consultant occulte c’est lié à l’époque où je faisais des missions de consulting chez les gens – chose que je ne fais plus à l'heure actuelle. J’aimais aussi la formule « Maghistorien professionnel » parce que j’ai ce côté très documenté, histo, mêlé à la partie magie et divertissement. C’est un bon mix de tout ça. « Détective occulte », ça me permet de synthétiser un peu tout. Ya le côté rationnel de l’enquête, de démontage de charlatanisme, l’intérêt pour le paranormal… C’est un travail de longue haleine parce que je voulais arriver à avoir une formule de communication adaptée, qui soit compréhensible par mon public. Il ne faut pas faire peur aux gens « oula mais ce mec fait 50 000 trucs différents » et qu’ils ne sachent plus où donner de la tête. Je voulais que les gens se fassent une idée globale de mes spectacles, et qu’après ils comprennent qu’il y a plusieurs shows… Oui, et puis l’avantage de Sherlock Holmes, c’est que direct dès la publication des premiers romans feuilletons, le personnage est rentré dans la culture populaire de façon prodigieuse… C’est ça ! En ce moment on tourne beaucoup avec des scolaires, avec des amis avec qui je travaille et qui vendent le spectacle à des écoles, à des théâtres… Ils me disent que ça marche très bien parce que d’un côté, c’est une sortie, les enfants ne sont pas là pour bosser, par contre on peut très par la suite les faire bosser sur des textes… Il y a à la fois le loisir et la porte d’entrée pour un travail plus scolaire : si le spectacle leur a plu, on peut jouer là-dessus pour les faire étudier et lire. C’est rassurant pour les adultes. Et je voulais appuyer aussi sur un autre point : personnellement, j’ai beaucoup de mal avec le marché du spectacle pour enfants. On confond très vite enfant et « idiot », ou enfant et bébé. C’est quelque chose qui me tient à cœur, et qui m’horripile. J’ai des routines de magie bizarre qui sont plus destinées aux adultes, mais quand je le fais devant des enfants, ils s’éclatent ! Ils flippent, ils sont dedans, et ça se passe merveilleusement bien. On a tendance à prendre les enfants pour les imbéciles, mais on serait surpris de notre régression culturelle au fur et à mesure que l’on grandit, alors que les enfants ont une capacité à être des éponges intellectuelles, et à retenir beaucoup de choses. J’ai travaillé sur un tour avec des capsules temporelles, avec des éléments assez importants de l’Histoire, et les gamins (de dix et onze ans, environ, quand j’ai fait ce tour), tu leur parlais du krach boursier de 1929, ils te disent « oui je connais, c’est ce qui permet de construire les prémices de la seconde guerre, ça fait ci, ça fait ça… » Faut pas croire. Et ce ne sont pas des gamins qui récitent les cours : ils ont retenu des trucs intéressants. Je me souviens par exemple les noms des dinosaures, quand je les ai appris j’étais en primaire, et je m’en rappelle encore. Parce que j’adorais ça. Oui, je trouve que c’est important de considérer les enfants comme des adultes en devenir, c'est plus intéressant de les traiter ainsi. Clairement ! J’ai une routine par exemple avec les décimales de Pi. Fabien Olicard le fait aussi. Les gamins ne connaissent pas Pi, ils ne connaissent pas le concept des décimales. Tout le monde dirait : « ça, ça ne marche pas avec des gamins ». Eh ben si tu leur présentes correctement, même s’ils ont du mal avec l’infinité d’un nombre, la routine leur plaît quand même beaucoup. On a tendance un peu trop à les infantiliser certes, mais ça c’est normal parce que bah… c’est des enfants… Mais surtout à les sous-évaluer. En 2020, j'avais tourné une vidéo avec Astier, avec un tour de magie bluffant ! Tu as tout à fait raison, je pense. Bien : nous avons beaucoup parlé enfants, parlons un peu des adultes, et de notre époque ! Est ce que tu penses que l'ambivalence de Sherlock Holmes (bordélique mais rationnel, asocial mais hyper attaché à la compagnie de Watson, une connaissance encyclopédique mais parcellaire) ainsi que sa méthode scientifique (observation exacte, raisonnement rigoureux) peuvent faire du bien à notre époque, en nous aidant à remettre de la nuance dans nos réflexions et nos interactions ? En gros, est ce que le côté borderline et hyper méga rigoureux niveau scientifique du personnage peut nous aider ? On a dit qu’on se concentrait sur les adultes, et ça me rappelle une question que l’on me pose extrêmement souvent, et qui m'énerve beaucoup : « est ce que tu y crois ? » Les gens n’ont pas ce recul, et souvent je cite Sherlock Holmes. Il faut pas forcément avoir un avis tranché sur les choses. En ce qui concerne la croyance, c’est pas « J’y crois, j’y crois pas… » en parlant du paranormal. J’en parle souvent, et il faut savoir être capable de dire « Je sais pas ». Un des principes de base c’est de comprendre le cerveau humain, pour comprendre de quel biais cognitif on est victime, parce que le meilleur moyen d’éviter ces biais, c’est de les connaître. Je cite donc souvent l’exemple de Sherlock, car il dit qu’il ne faut pas tirer une conclusion avant d’avoir tous les faits. Lui, il le fait d’après un procédé d’enquête, mais je pense qu’on peut l’adapter de façon plus générale. Si on tire une conclusion trop hâtivement, biais cognitif, on va chercher des faits qui vont dans le sens de notre conclusion. On ne va pas être neutre dans le traitement de l’information. On va à tout prix chercher à confirmer ou infirmer une théorie. Parce qu’on part d’une théorie, et on rajoute les faits qu’on trouve. Ce que dit Sherlock, c’est que c’est le meilleur moyen de se planter. C’est un principe qu’on devrait appliquer dans la vie de tout les jours. A mon sens, cela implique vraiment de pouvoir dire « Je sais pas », ce qui est possible de très très peu de gens. Affiche du dernier spectacle Lyonnais d'Astier, en août 2022 Dans ton dernier spectacle que j’ai vu à Lyon (qui était fabuleux d’ailleurs), j’ai été choquée car tu avoues frontalement au spectateur que tu es un bonimenteur, un pickpocket, et que tout ce à quoi on va assister n’est qu’illusions, tromperie et escamotage. Cela n’a pas empêché un spectateur de se laisser quand même duper, et se laisse happer par la mise en scène et une certaine croyance dans le surnaturel, alors que tu leur as fait un démenti juste avant… « Et alors, le fantôme, il était vraiment là, hein ? » Il était persuadé de la présence du fantôme avec nous dans la pièce, alors que ce n’était qu’un tour. A la base, j’essayais d’être clean avec les gens, parce qu’à la base le charlatanisme c’est un gros soucis… Par exemple, quand je me présente comme pickpocket professionnel, les gens restent très premier degré et disent « mais c’est un scandale, il se réclame pickpocket, faut le dénoncer », alors que c’est du spectacle, c’est pour de faux. En plus quand je fais des démos en « pickpo » je suis à fond sur le pénal… Je pense que j’ai toujours été très pointilleux sur l’éthique. Peut-être un peu moins sur les vidéos, pour le délire narratif. En spectacle aussi : je ne vais pas faire une cassure en mode « bon, allez, vous avez eu la belle histoire, maintenant, tour de magie ! ». J’ai toujours été à cheval sur ce côté-là, surtout que je fais des routines avec des tarots, des oracles… c’est un peu délicat. Avant, c’était pour me dédouaner moralement. Maintenant, c’est aussi devenu un automatisme pour me dédouaner légalement. J’ai tellement pris cette habitude… Mais maintenant, je reste aussi sur le fait que les gens croient ce qu’ils ont envie de croire. Tu leur dis c’est pour de faux, ils y croient quand même. Sur certains tours, comme ceux que tu as vu dans mon dernier spectacle à Lyon, j’explique comment certains médiums trichaient à l’époque, comme dans les années 1900. Les gens viennent me voir après « ça, c’est du magnétisme, pas vrai ? » Alors que j’ai expliqué juste avant comment ils trichaient, et que j’allais tricher tout pareil. Conclusion : j’ai triché, j’ai pas fait du magnétisme. Tu as ce besoin que les gens ont… ça rejoint ce que je disais tout à l’heure avec l’incapacité à dire « je ne sais pas » : on est sur du domaine de la croyance (quel que soit le motif, besoin, envie de croire ou conviction…), tu as beau dire ce que tu veux, les gens y croiront quand même. C’est ce que j’expliquais dans mon spectacle avec les exemples de médiums qui se sont fait choper. Les gens dupés par ces médiums disaient « oui mais avec moi c’était pas pareil, je vous assure ». Alors qu’on leur a montré les techniques de triche, que le médium avoue devant une cour sa triche en permanence… Quand je fais du disclaimer en début et en fin de spectacle, je me dis vraiment « peu importe ce que mon public croira, j’ai clairement expliqué que j’étais là pour faire du divertissement, rien de plus, je ne suis pas un gourou ». Je ne veux pas d’adeptes ou de "gens déséquilibrés" après moi. C’est aussi pour ça que j’ai arrêté les missions de consultings chez les gens. J’avais beau leur donner des explications rationnelles, les gens voulaient que je leur dise qu’il y avait un esprit chez eux, et qu’il fallait exorciser. Si tu arrives en disant « ces phénomènes arrivent parce qu’il y a un gisement de roche magnétique, ou une nappe phréatique, ou un autre truc », ça ne leur plaît pas. Ils vont nier le débunkage. Il y a un besoin de croire. Et même quand j’étais face à un cas où je n’étais pas en mesure de prouver qu’il y avait une explication logique, je n’ai jamais pris le parti de dire « oui, y a eu quelque chose, un esprit peut être ». J’ai simplement dit « je ne sais pas. » Extrait de la bande dessinée "Dans la tête de Sherlock Holmes" par Benoît Dahan et Cyril Lieron Revenons au Steampunk : est ce que tu as une œuvre adaptée de l’univers de Sherlock Holmes qui te plaît particulièrement, et que tu recommanderais à mes lecteurs et lectrices ? Ya L’instinct de l’équarisseur de Thomas Day. Et d’ailleurs, lors de ma toute première prestation steampunk, en 2012 je crois, il y avait une rencontre avec cet auteur français. Il a fait une adaptation en version steampunk qui est très très classe. Je peux recommander aussi Sherlock Holmes aux enfers, de Nicolas Lebreton, qui est Lyonnais. L’Enfer appelle Sherlock et Marie Watson pour résoudre un crime. Il y a eu un meurtre commis en Enfer, alors que normalement les gens ne peuvent pas y être tués. Et sinon, mon coup de cœur, les créateurs sont devenus des copains maintenant, le dessinateur et le scénariste sont déjà venus voir mon spectacle Jack l’éventreur. C’est la BD Dans la tête de Sherlock Holmes. Un coffret sort le 28 octobre avec les deux premiers tomes. L’esthétique est géniale, la mise en page sert l’histoire et le propos. Ya la série 1800 aussi… Couverture du 1er tome de la bande dessinée M.O.R.I.A.R.T.Y, aux éditions delcourt J’aime bien parce que je te demande un coup de cœur, et j’ai l’impression que tu vas me sortir toute ta bibliothèque (Astier était littéralement en train de fouiller toutes ses étagères, et il a environ 1500-2000 livres chez lui) ! Y a aussi la BD M.O.R.I.A.R.T.Y, tome 1 l’empire mécanique. On est sur du pur délire steampunk. Je recommande aussi Enola Holmes. J’ai d’ailleurs hâte de voir le deuxième film, qui sort le 4 novembre sur Netflix. Ok, merci pour toutes ces recommandations, et pour cet entretien riche en informations ! J'espère que cela intéressera mes lecteurs et lectrices autant que moi. Qu'ils n'hésitent pas à indiquer en commentaires s'ils ont des questions à te poser... Je te ferais remonter tout ça ! Merci à toi Mona ! Un autre mystère de résolu ! Si cet article vous a plu, merci de le commenter et de le partager, et à la semaine prochaine pour de nouvelles aventures... Salutations vaporeuses, Mona Longueville #steampunk #blogsteampunk #sherlockholmes #aventuresdesherlockholmes #intertextualité #personnagesteampunk #littérature #romanpolicier #détective #culturesteampunk #magie #mentalisme #illusionisme #spectacledemagie #spectacledemagiepourenfants * Pour avoir plus d'informations sur les habitudes de lecture des 7-25 ans, c'est par ici : on y voit que pour fin 2021 - début 2022, les plus jeunes sont très consommateurs de romans ! ** L'identification via la forme des oreilles est encore étudiée de nos jours, d'ailleurs... C'est fascinant, on pourrait écrire une uchronie juste en partant de ce principe. Les ressources qui m'ont aidée à écrire cet article : https://www.quora.com/Is-Sherlock-Holmes-Steampunk https://www.cairn.info/revue-les-lettres-de-la-spf-2008-1-page-17.htm https://www.sciencespo.fr/fr/actualites/sherlock-holmes-logicien-inspirant https://books.openedition.org/enseditions/22725?lang=fr avec notamment cette partie « Plus que le roman gothique ou que le roman à sensation, le roman policier était apte à devenir le réceptacle des peurs pathologiques qui hantent le monde moderne. La mort, la sexualité, la maladie, n’y surgissent ni par hasard ni de manière artificielle. Toute l’intrigue au contraire se noue autour de ces thèmes fondamentaux, sans jamais avoir à basculer dans l’invraisemblable. Le meurtre ou la transgression en sont les conditions préalables. Le whodunnit a ceci de commun avec les contes de fées qu’il autorise à la fois l’exposition et la satisfaction des pulsions élémentaires qui animent l’être humain. Cette constatation première gagne en subtilité lorsque l’on s’attache au roman policier de la période victorienne, dans la mesure où le critique doit lui-même jouer le rôle du détective, l’œil collé au trou de la serrure, tâchant de révéler la réalité des faits au-delà des barrières, des interdits et des tabous psychologiques et sémantiques érigés contre les réalités de leur existence par les contemporains du Maître de Baker Street. » Le déguisement fait partie des activités incontournables de la vie d’un jeune enfant. On se pare d’une cape, et subitement nous voici un.e justicier.e. Dans le monde du Steampunk, nous sommes nombreux et nombreuses à avoir gardé ce goût pour la costumation*. Forte de mes plus de dix ans d’expérience dans la communauté Vaporiste Francophone, je vous livre ici les différentes raisons – conscientes ou inconscientes – qui font qu’on aime se déguiser en général et en steampunk en particulier. Se vêtir en dandy, en savant fou, en lady, avec ou sans goggles… ce n’est pas que pour les enfants ! Festival Yggdrasil de 2022 - Que de beaux sourires sur cette photo ! Raison n°1 : Le Fun !Cette raison me tient particulièrement à cœur : s’amuser, c’est la clé ! Certaines personnes peuvent redouter de se déguiser, par peur de disparaître derrière le costume. C’est tout à fait compréhensible, chacun ses goûts. Pour ma part, je suis de base très coquette, et je considère n’importe quel vêtement comme étant un déguisement potentiel. Cela donne pour ma part une relation bien naturelle à cette activité. J’essaie d’instaurer de la joie dans mes habits, et encore plus quand je me costume. En se déguisant, on sort de soi, on ne se reconnaît plus dans le miroir, ce qui peut nous faire rire nous ainsi qu’autrui. On prend du recul sur son apparence, et celle des autres. Cela permet aussi une certaine désinhibition. On se permet plus de choses, ou du moins un autre rôle, d'autres émotions, une autre conduite. En explorant un autre soi-même, on développe de nouvelles expériences, et donc d’autres sources d’amusement. Ce groupe de Power rangers avait fait ma journée au Download Festival en 2015 ! Il y a la joie qu'on éprouve entre personnes déguisées, mais aussi la joie des interactions avec les personnes qui ne le sont pas, qui sont extérieures à l'événement. Cela donne parfois des situations cocasses, comme une petite fille qui tient absolument à faire un hug à une elfe-vampire. Ou encore une soirée extra-terrestre avec des aliens du Rocky Horror Picture Show qui font danser à toute une salle le Time Warp. Raison n°2 : Le plaisir d’enjoliver le quotidienLe déguisement, basiquement, c’est du superflu. C’est quelque chose dont on n’a pas besoin pour la vie quotidienne, et qui parfois, sera utilisé seulement le temps d’une soirée. Par exemple, j’ai chez moi un collier de fleurs en plastique. Mais ce n’est pas n’importe quel collier en fait : c’est le rappel des soirées que j’ai déjà fait avec, et c’est également la promesse d’autres festivités « une soirée plage en décembre ? je sais déjà ce que je vais mettre comme accessoire ! ». A chaque fois que mon regard se pose sur ce collier de fleurs, je souris. Ce n’est pas un bel élément de décoration, ce n’est pas une matière noble, ça prend de la place**… Mais qu’importe. Je le garderai ! Soirée prohibition entre amis au Carry Nation à Marseille, en 2020.Je kiffe ce collier à fleurs, vous dis-je ! On enjolive aussi le quotidien quand on voit les personnes arriver pendant l’événement : on découvre avec délice les déguisements portés par les un.e.s et les autres. Certaines tenues ou certains thèmes ont le pouvoir de vous faire voyager, de mieux vous immerger dans un ailleurs plus ou moins lointain, sans pour autant changer de lieu. On déconnecte. Et on créé des souvenirs. Raison n°3 : Le lâcher priseLe fait de se déguiser invite à un certain lâcher prise, sous différentes formes. Une PDG déguisée en cuisinière pour le nouvel an de la boîte sera plus facile à aborder, et s’autorisera peut être plus de proximité avec ses collaborateurs et collaboratrices. Le déguisement invite à la discussion, de façon plus détendue. « Alors cheffe, quel est le plat du jour au menu aujourd’hui ? » n’est pas forcément une phrase que l’on dit souvent à sa boss dans un bureau. Extrait du premier film Bridget Jones, de 2001 inspiré du roman du même nom Attention aux soirées de nouvel an avec les collègues, ce n'est pas toujours glorieux... Le déguisement nous permet aussi de retomber en enfance. Il va nous permettre de nous mêler plus facilement à des jeux avec les plus jeunes. (Qui ne s’est jamais retrouvé affublé d’un casque, d’une épée ou un autre accessoire pour se faire embarquer dans un jeu avec des tout-petits ?) Une fois déguisé, on porte un masque (parfois littéralement), qui nous fait quitter le sérieux parfois trop pesant de la vie d’adulte. On retrouve une certaine légèreté. « et là, on dirait que toi tu es un.e pirate de l’air, et moi, un.e scaphandrier.e du Capitaine Nemo, et on va faire du RP toute la journée, en buvant des bières*** de temps à autre ! » Un adulte c’est un enfant qui a grandi, rappelons-le. Il faut parfois juste un chapeau de mousquetaire sur la tête pour lui rappeler son enfance. Pour un enfant, le déguisement permet de se libérer du quotidien d’écolier, qui fait ses devoirs bien sagement, qui dépend de ses parents… Et pour un adulte, on se libère du métro-boulot-dodo. Il existe « potentiellement » toujours une autre version de nous-même, c’est ce que nous rappelle le déguisement. On se relâche, on se détend… Ah, les transports en commun, quel bonheur ! Pourquoi vouloir s'en échapper, franchement ? Raison n°4 : Célébrer des évènements, des moments de l’annéeDe la même façon que certain.e.s aiment décorer leurs maisons pour Noël, des Vaporistes aiment accorder leurs tenues aux différents moments de l’année. C’est normal me direz-vous, on n’a pas forcément envie de sortir sa tenue de baignade en pleine convention au mois de décembre. Certaines conventions ou sorties Vaporistes sont devenues des traditions, et permettent de donner un certain rythme à l’année qui s’écoule. Par exemple, le pique-nique steampunk de début d’été se tient au bord du lac Daumesnil chaque année à Paris depuis 2009, et permet à la communauté Francilienne de se retrouver et de célébrer la saison chaude qui arrive… C’est l’occasion de sortir les canotiers, par exemple, que l’on sortira moins en automne ou en hiver. Photo du pique-nique Steampunk Parisien de 2018, par Ludovix : on y voit de nombreux canotiers... Si vous voulez plus d’informations sur ce pique-nique, j’ai écrit un article sur mes meilleurs souvenirs de pique-nique steampunk ! C’est par ici. Toujours en 2018, sortie des fêtes de fin d'année au musée des arts forains : on voit que les tenues sont bien plus chaudes ! Raison n°5 : Montrer qu’on a la réfChoisir un costume, c’est aussi choisir de montrer une part de soi-même qui n’est pas que les abdos, le tour de taille, la prestance ou le niveau de diplôme : on montre sa culture, ses références, son sens de l’humour, de la mise en scène. Quand on passe du temps et de l’argent sur un costume, on a envie d’incarner un personnage qui nous fait rêver, que l’on aime. Extraits de la série The Big Band Theory, pour un épisode où les personnages se retrouvent en costume. On y reconnaît les acteurs, mais aussi Mary Poppins et Burt, ainsi que l'inspecteur Gadget. C'est méta. Et quand on aime un univers, c’est plaisant de pouvoir le partager avec des amis. Et les soirées costumées sont l’occasion de trouver de nouveaux ami.e.s., avec des situations de rencontres loufoques : on peut très bien être cosplayé en Spiderman, et aborder Rick O’Connell, en lui demandant de l’aide pour aller rosser quelques vils gredins, en lui montrant un autre convive grimé en momie et commencer une fausse bataille au sein d’une soirée. On montre qu’il y a une connivence, et qu’on aime et connaît ce que l’autre apprécie. Je profite de cet exemple de rencontre totalement inventé pour glisser ici une photo d'une partie du cast du film La Momie, pour le plaisir. Oui, c'est mon blog, je fais ce que je veux. Et la Momie, c'est bien pour ce que vous avez. Dans le Steampunk, la connivence peut se retrouver grâce à l'archétype de personnage que l'on incarne "Ah tiens tu as choisi de te costumer en mécano, as tu entendu parler de la soirée Steam Prolo de la Société des Libellules, en juin 2022, ou du pique-nique des Vaporistes de Rouen de la même année ?", ou encore sur des détails de la tenue : un badge, un patch, qui peut faire référence à une série... et la conversation se lance d'elle même sur un fandom. Raison n°6 : Affronter nos peursLe déguisement a aussi cela de magique : il permet de dissimuler des faiblesses. Les timides peuvent passer pour des extravertis, ou du moins s'essayer à la conversation. Quand on est costumé, on vient nous demander en quoi on est costumé, ou une interaction se fait grâce au personnage – par exemple deux zombies pourront commencer à déconner en grognant et en réclamant des cerveaux à manger.**** Ceux qui ont peur d’un personnage ou d’une bête pourront l’apprivoiser ou vaincre leur phobie. Mais sur ce champ-là, je laisse les personnes phobiques et les professionnels de la santé mentale seuls juges, je ne suis pas experte en la matière. C’est simplement une idée, et c’est à chacun.e de voir s’il est bon de la réaliser. Photo de Gief Kan pour Derrydol Creations en 2016 - La peur ça peut aussi simplement de montrer un peu plus son corps, son bidou, et de s'assumer en public. Se montrer autrement, se révéler cela peut être un véritable défi. Raison n°7 : Le monde du travail, et les convictionsLes personnes qui réduisent le déguisement uniquement à la période de l’enfance ont oublié un point essentiel : certains emplois exigent une tenue spéciale pour pouvoir les réaliser. Eh oui, quand on s’habille pour aller travailler, on met son costume de travail, que cela soit une blouse, un veston, un jean et un tee-shirt, un tablier, ou un autre uniforme : si l’habit ne fait pas le moine, enfiler un certain type de vêtement permet de mieux incarner une fonction. Et en ce qui concerne les métiers du théâtre, du cinéma, de la médiation culturelle (animation de stands, reconstitution, guide de musée, drag-queen ou drag-king…) : on a besoin souvent d’un déguisement, d’un costume. Et il y a des stylistes, des costumier.e.s du spectacle, qui sont aussi de la partie. Ce déguisement permettra une meilleure incarnation d’un personnage, une vraisemblance, et pour le public une meilleure immersion. Porter un costume peut animer un stand, une boutique, et montrer à quel point vous avez envie de faire la différence. Et c’est étonnant, mais quand la raison de porter un déguisement est d’ordre financière, on a moins envie de qualifier ça de puéril… Bleu de travail, vu au Mucem pendant l'expo Vêtements modèles de 2020 La frontière entre déguisement et vêtement de fonction peut être mince... J'irai même plus loin en rajoutant qu'on peut aussi se déguiser par conviction, pour des raisons militantes. J'ai d'ailleurs toujours dans un coin de ma tête un projet d'apicultrice Steampunk, que j'adorerai porter en festival mais surtout durant des marches pour le climat, pour sensibiliser au déclin des abeilles. Raison n°8 : Pour les photosOn vit dans une culture de l’image. On le voit de plus en plus chaque année, avec notamment le développement d’applications comme Tiktok ou Instagram, et on peut plus ou moins s’en réjouir Personnellement j’adore prendre des photos, et j’aime avoir des albums photos de qualité*****. Bref je suis la personne qui stoppe un groupe en criant « selfie » ou « photo de groupe » et qui tague tout le monde sur Facebook après. Ou qui vient avec des idées de pose à faire. Certain.e.s ronchonnent, mais à la fin, ils sont quand même contents d’avoir la photo. Ou l’album-photo, carrément. Avec des ami.e.s durant le festival Yggdrasil, début 2022 : SELFIE TIME !!! Souriez s'il vous plaît ! La photo a aussi l'avantage de pouvoir rendre compte d'un événement. Quand je suis en événement, j'essaie d'avoir des photos des amis, pour les souvenirs, comme je viens d'expliquer. Mais j'aime aussi prendre des photos de foule, pour montrer combien de personnes sont venues. La photo, c'est aussi une preuve qu'on est nombreux à aimer le Steampunk, ou le cosplay, ou juste les soirées déguisées... Et de démontrer la créativité des personnes présentes ! Durant le carnaval à Lyon, en 2022 Raison n°9 : Faire des rencontresAmicales, amoureuses ou juste un plan d'un soir : le déguisement permet aussi ce genre de choses, grâce parfois à un savant mélange des huit autres raisons citées plus haut. Cela donne lieu à des mariages, à des créations d'associations... Tout est possible. Et certaines personnes brillantes peuvent vous aider à rendre votre déguisement encore plus fabuleux ! Je vous conseille de consulter les différentes associations francophones, ainsi que les couturiers et couturières autour de chez vous - attention liste non exhaustive : https://maisoncharliegrilhe.com/galeriecreations/ https://www.leshorizonsdessonges.com/ https://www.mister-asticot.fr/ http://dkcreationscuirs.com/ Si vous avez d'autres bonnes adresses, je vous remercie de les indiquer en commentaires. Vous pouvez aussi me demander des conseils en message privé sur instagram via mon compte @latetedanslesrouages , ou encore attendre un petit peu : je suis en train de créer ma marque de motifs textiles, et je proposerai certains designs Steampunk ! Cela aidera sans doute ceux et celles d'entre vous qui souhaitent créer leurs déguisements ou leurs costumes de A à Z. Je vous remercie énormément d'avoir pris le temps de lire ce Top 9 ! Salutations Vaporeuses, Mona Longueville #steampunk #costumesteampunk #aimersedéguiser #déguisement #conseilsensteampunk * Certains Vaporistes sont pointilleux sur l’utilisation des termes costumes et déguisements, j’en ai déjà parlé ici. Pour des raisons de simplicité de rédaction, j’utiliserai ici quasiment uniquement le terme « déguisement ».) ** Oui malgré mes convictions écologistes et mon envie de minimalisme (The Home Edit et Marie Kondo, je pense à vous), je suis quand même plutôt du côté maximaliste de la force… *** Ou une autre boisson, pourquoi pas non alcoolisée, cela dépend de vos goûts ! **** Non ce n’est pas vrai je n’ai pas envie d’être déjà à Halloween vous n’avez aucune preuve. ***** Oui je dois être une des rares personnes de moins de 40 ans à imprimer des photos et à les compiler dans des albums, si un jour je fais un partenariat c’est avec photobox ahah – ou alors une marque de thé, on se refait pas. Si vous aussi vous adorez les albums photos dîtes le en commentaire, je me sentirai moins seule ahah. Les articles qui m'ont aidé à écrire ce top ! https://www.noovomoi.ca/style-et-maison/mode/article.choix-costume-halloween-personnalite-psychologie.1.9924933.html https://www.psychologytoday.com/us/blog/the-why-behind-the-buy/201310/what-your-halloween-costume-says-about-your-personality https://www.huffingtonpost.fr/life/article/halloween-ce-qui-se-cache-derriere-notre-envie-de-nous-deguiser_133760.html histoire de rire un peu https://www.topito.com/top-twitter-hallowee
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Mona LonguevilleForte de mes 10 années d'expériences dans le milieu Steampunk Francophone, je vous propose ici mes conseils et mon retour d'expérience de terrain. Archives
Avril 2023
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